vendredi 6 juin 2014

Derniers vers de Rome

Dans mes rêves fourbus je vois à les user
Les marbres blancs les trains les arbres les villages
Les rires les chansons les ombrées les feuillages
Et les émotions crues nées dans quelque musée

J'ai vu cent fois Lippi et croisé Michel-Ange
Dans des arcades lu D'Annunzio son Plaisir
Etendu les jambes de fatigue en désir
Dans mes rêves fourbus ainsi tout se mélange

Les chœurs enfants les champs dans des parcs infinis
Les carnets qu'on noircit lorsque le ciel est blanc
Les fontaines en pleurs les jours étincelants
Les rêves qu'on sait tus Amalfi Rimini

Les cyprès les langues les odeurs de café
Et la pâte levée à l'orée d'osterie
Des Vogues suffoquant dans le grand cendrier
Et les Signore sous leurs rêves décoiffés

Des enfants s'ébrouant sur des places carrées
Des vieillards l'air bougon des assiettes chantantes
Des tracts froissés de vent des soirées languissantes
Des nuits douces mortes dans un rêve amarré

Des parfums caressés de l'ailette du nez
Et des cris dans le bus des amis éloignés
Des silences de l'art par grandes empoignées
Et des rêves passés et des reflets fanés

Depuis les jours coulés dans cette langueur brève
On songe à chaque instant à chaque nuit à ces
Souvenirs italiens que l'on s'est entassés
Et qu'on ressort à chaque avide envie de rêve

jeudi 5 juin 2014

Paroles paroles

Les chaussures pourront un jour un soir parler
On les écoutera parce qu'il sera mieux
D'écouter la semelle aux souvenirs de cieux
Nombreux ainsi que les avenues les allées

Que d'entendre bêler tous ces murs amnésiques
Ils ont vu des amants des touristes crétins
Ont mangé le soleil doré tous les matins
Puis se sont rendormis sans rêve ni musique

Les murs auraient dit-on des oreilles des yeux
Mais j'écoute plutôt les chausses nous conter
Les pentes dévalées les montagnes montées
Les âmes nourrissons et les cœurs déjà vieux

Humeurs IX

 Il y a des odeurs de fin
Dans l'amer parfum du départ
Je hume cette ville afin
De sentir heureux ses épars

Les routes l'air et les mots dits
Dans le silence d'une rue
Le cœur serré des jours maudits
Le ciel et ses cieux disparus
Les âmes-sœurs tout en taudis 

mercredi 4 juin 2014

Préconciliaire II

Les hymnes bondissaient le long de l'acoustique
Sur les chapes dorées les goupillons et l'eau
Susurrait en surface une note en halo
Le chant sautait ainsi courtines dalmatiques

Le pépiement des s aériens chuchotait
Comme les pas craquants dans les miroirs de neige
Tout tournoyait autour ces odes en manège
Dansaient avec l'encens des doux et plats motets

Tout était calme et beau dans ces sons et ces bruits
Chut taisons nos voix et écoute ces parfums
Tout te tient plus proche des éclats séraphins
Chut entends ce murmure une âme qui bruit

mardi 3 juin 2014

Rêveur aux rails

"Peut-être le bonheur n'est-il que dans les gares ? "
Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?

Ici et là grondaient les basses vrombissantes
C'était ainsi que le train faisait battre son
Cœur et partout autour reniflait l'unisson
Des mécaniques aux effluves rugissantes

Deux ventricules vifs courraient juste en-dessous
En deux rails droits et ces deux aortes de fer
Nous propulsaient comme des fétus à défaire
Tous ronflaient sans s'attendre endormis wagons saouls

Les rêves s'étiolaient dans des grands fauteuils mous
Et dans ces longs songes étirés sur les rails
J'entendais vrombir le train son cœur ses entrailles

Je tressautais ivre à chacun de ses remous
Tétant mes rêveries à ses seins furibonds
Je suis le rêveur aux fantasmes à rebonds


 

Les Ailes de l'aurore

L'aube a disparu la fugitive aube claire
Sans doute a-t-elle aussi contemplé la vallée
Avec ses frondaisons de printemps inhalées
Et sa canopée basse et ses tsouin-tsouin en l'air

Et puis a disparu descendu quel versant
En nous laissant le bleu plutôt que ses rosés
Nous sommes gardiens des herbes de leur rosée
De ce que l'aube a vu dans son jour renaissant

Car rien n'a disparu dans cette grande étable
Ni la pie ni l'étoupe où les instants se chassent
D'un crépuscule d'un bleu d'une aurore basse
Nous comptons les cieux comme au jour les grains de sable

Nous voyons disparues les heures les journées
Sans ne jamais se dire Ainsi il en sera
Demain car déjà la nuit jette ses carats
Sur ce qu'à l'aurore nous avions vu faner

lundi 2 juin 2014

Marietta monta in gondola

Des palettes vives recouvrent chaque îlot
Que des lampadaires pinceaux percent souvent
Nous nous berçons dans l'ombre agitée d'un couvent
D'une maison crachée dans les reflets de l'eau

Dans une gondole dodelinant un peu
Des amoureux charmés ont le sourire béat
De passer sous cents ponts sur mille nymphéas
Sous un ciel bleu sur un vernis doux sirupeux

Aux marches d'un palais aux arabesques douces
Je les voyais passer eux au sourire clair
Humant à fleur de l'eau de la lagune l'air

Chargé des pensées qu'on voit au milieu des pousses
De jasmins parfumés tout s'élevait si haut
Tous attendaient ainsi leurs rêves de griot

dimanche 1 juin 2014

Sirupeux cieux

Les soleils se laissent naître élever tomber
Tous se répondent les mots sont dans ces couleurs
Rimes-tu dans l'orange oh l'aurore-douleur
Calcules-tu ton pi hé grand soleil bombé

Crains-tu les étoiles charognards contre toi
Astre qui fuis le jour autant que fuis la nuit
Je veux te voir tomber sous les coups de minuit
Tes semblables brûlent la voûte de ton toit

Ainsi se drape le ciel de la nappe d'astres
Las d'échanger sa robe à l'aube au point du jour
Il en était ainsi et le sera toujours

Fais ô toi ciel Samson s'écrouler ces pilastres
Revêts la dalmatique et retrousse tes manches
Et tiens tes cieux bleu nuit ceindre si bien tes hanches