lundi 30 septembre 2013

La Cycliste de la piazza Venezia


Celle qui me charme danse sur son vélo
Sans même m'avoir vu, solitaire Othello
Moi qui ai dans ce bus si peu pour me distraire
Ma patience pour soeur et mon ennui pour frère

Celle qui me charme ne fait rien pour cela
Parce que c'était elle, parce que j'ai été là
Seul à voir sur sa bouche un air, une chanson
Seul à voir son ballet, danseuse sans chausson

Celle qui me charme ne le saura jamais
En lisant ces mots, ne pourra se pâmer
Comme dans le sonnet d'Arvers cette inconnue
Ne sait que c'est d'elle qu'on voit le cœur à nu.


vendredi 27 septembre 2013

Courage !


Il est loin, le beau temps où à Rocamadour
Les flancs ensoleillés le matin se levaient
Et l'envie de servir était un troubadour,
Qui nous réveillait tous là à notre chevet

Je l'entends encore dans un simple murmure
" Ami, vois devant toi, le monde s'ouvre en bas
Cueille-le maintenant car si ce fruit est mûr,
La pourriture vient, en un instant s'abat."

Nous y étions si bien, rappelle-t'en encore
Nous parlions simplement tout en faisant le bien
Nous entendions le soir quelques notes de cor
Voyant des feux-follets, je ne sais plus combien

Dans une procession nous avions ri ensemble
Et d'entendre un miracle étions-nous stupéfaits
Nous étions en été, en juillet il me semble
Et j'en sens aujourd'hui encore les bienfaits

Pourtant deux ans plus tard, Dieu se jouant de toi,
Te revoilà couchée sans la terre en dessous
Sans étoile au dessus, sans étoile pour toit
Avec l'envie de vivre en aimant tout ton saoul.

Et tu ne bronches pas, ô amie de courage
Tu souris plus que tout et plus que tout le monde
Tu sais aimer la pluie du plus puissant orage
En contemplant le beau dans ta douleur immonde

Accepte mon hommage en lisant quelques vers
D'un ami bien trop loin, en te battant encore
Car s'il te reste à vaincre un rigoureux hiver
Rocamadour sera en juin notre décor


jeudi 26 septembre 2013

Ils aiment regarder les filles.


Est-ce de voir leur femme emportée par les dieux
Usant à discrétion d'un pouvoir insidieux ?
Est-ce d'être cent fois fils des fils de la louve
Voyant dans les Sabines un amour qui s'éprouve ?

Aux palestres peut-être ils ne voyaient jamais
Sous une toge un sein et un cœur à aimer ?
Dans des camps de fortune à conquérir l'Europe
Ne passait point de femmes près de leur emmétrope ?

Sur le trône de Pierre, à part quelques pontifes
Dont les errements sont par trop copulatifs,
Manquiez-vous, Romains, de courbes féminines
Pour avoir aujourd'hui ces règles léonines ?

Sans se soucier d'un homme ou bien d'un fiancé
Vous regardez chacune à l'allure élancée,
Inspecteurs sans gêne je ne suis guère prude
Mais regarder ainsi est curieuse attitude !


crédits photos : archives le Post 

mercredi 25 septembre 2013

La Théorie des Chaussures.


Souvent pour s'habiller les femmes romaines
Prennent des chaussures, vastes oisillons morts
Qui suivent, indolents compagnons trop amènes
La femelle traînant ces horreurs sans remords

A peine les ont-elles enfilés sur les pieds
Que ces sabots de l'enfer, dont le port est honteux,
Laissent piteusement leurs semelles en papier
Comme une grosse sangsue traîner à côté d'eux

Cette paire de mules, comme elle est moche et veule
Elles naguère si chic, qu'elles ont choisi le laid !
L'une a un chien crevé avec un bout de gueule
L'autre mime en boitant le cygne qui volait

Le choix des shorts est semblable à ce goût de souliers
Trop long ou bien trop court, en matière à vomir
Exilées dans la Botte bien loin des Milanais
Ces chausses de géant m'empêchent de frémir.



- bien sûr librement inspiré de " L'Albatros " du grand Charles. Le vrai.

Comme un coquelicot né dans la fange


Il y a des églises, des stupéfiantes
Où l'on entre en arrière, à reculons,
Le doute cartésien, l'âme méfiante
Et des relents de Combes tout son long.

L'on trouve bien bigots tous ces égards
Rationnel on se rit des ex-votos :
Vieille romaine folle, habits ringards,
Croyance populaire en des Sotos.

Un siècle après Comte l'on voit encore
Ce positif bien peu positiviste :
Cesse d'écouter l'orgue et ses accords
Ecoute Dieu-Raison, sois athéiste !

Et pourtant cher ami, je ressens là
Dans le grand silence de cette église
Sans besoin de beauté, de mandalas
D'introïts pénétrants, de vocalises

Des âmes en communion, en grande paix,
Tournées vers cet autel et ses reliques
Pour y soigner quelque cœur éclopé
Entonnant l'Angélus archangélique.

Dans l'imparfait d'un corps, laid et ridé,
La vieille bigotte pose ses mots,
Ceux-ci par les années semblent bridés
Mais si doux et conscients de tous les maux.

Strabisme, odeur vieillie, veste criarde,
Belle dans sa laideur elle sourit
Se retourne et s'asseoit cette vieillarde
Elle blague elle est sage et elle prie.

Ailleurs, un franciscain, yeux grands ouverts,
Tantôt prie et tantôt regarde autour
Puis pose son regard sur ce Calvaire
Dont il scrute, curieux, tout le pourtour.

Puis il voit un ami, d'un bond se lève
A voir ces sourires, qui ose dire
Que la vie près de Dieu jamais n'élève,
Que n'y naît nul bonheur, qui peut médire ?

Les moines s'embrassent sans se toucher,
Accolade du front des deux amis
Le Respect à leur geste était couché:
Ils passent l'agapê par le tamis

Oui il faut avoir vu le calme saint
Inscrit sur leur visage et leur regard
Pour enfin comprendre le pieux dessein
De prier pour sauver ceux qui s'égarent.

Il y avait aussi venues ensemble
Une mère et sa fille ainsi que Dieu
Qui contemplait ravi comme Il rassemble
Par quelques Ave pieux, chant mélodieux

La fille était priante et je voyais
La mère admirative et quelques larmes
Sur ses joues de mère se déployaient
Devant la foi d'enfant, qui tout désarme.

Je suis sorti sans bruit après une heure
A voir la confiance, la foi vécue
Dans ce grand débarras de vrais bonheurs,
Offrant leur chapelet, manquant d'écu,

Ces gens auraient été en l'an zéro
Ces bergers accourant au chant des anges,
Sans être grand, sans être héros,
Comme un coquelicot né dans la fange.


crédits photo : http://dufresne5.tumblr.com/ 

mardi 24 septembre 2013

Jour de Derby


Vois, sur la piazza Navona
Le jaune et le rouge en tout lieu
Annoncent le championnat
La Capitale et sa banlieue
Se retrouvent, jour de derby,
Au vaste Stade Olimpico
Et sont dans - ces pauvres zombies ! -
Tous leurs états pontificaux

Dans le bus qui file au Nord
Déjà une épinicie
Résonne en voix de ténor.
Il chante l'impéritie
De la Roma, sombre troupe
Aux cent défauts, mille vices
Mais ce chant semble être un croup :
Le ténor est un novice.

Le chant résonne encore
Que ce chanteur laziole
Rêvant déjà le score
Dans son chant vitriol
Moque un romaniste
" La coupe dans ta face ! "
Car il est des roustées
Que personne n'efface...

Chacun veut ce soir
En pleurant de joie
Crier "Goal ! ", s'asseoir
Traiter de bourgeois
Tous ces faux romains
Lazio ou AS
Et joindre les mains
Pour quelque déesse

La victoire
Est au bout
Du trottoir
Et debout
Dans la rue
Dans le bus
Des charrues
Des gibus

L'on blague
L'on rit
L'on schlague,
Fleurit
En fait
En ville
La Fête
Peu vile

But
Cris
Un
But
Deux
Cris
Larmes
Fin.



dimanche 22 septembre 2013

Sonnet à la Piazza Farnese


Le lourd palais Farnese et ses amies baignoires
Sont sots et trop peu fins, sans honneurs mérités
Où l'on rêve de toge on trouve des peignoirs
Et ici le grossier fait leur ipséité

Michel-Ange, dit-on, y aurait travaillé,
D'apprendre ça, ami, que dirait Jules II ?
Pourrait-il de la sorte un tel génie railler
Et lui dire "Ami cher, cet ensemble est hideux" ?

Car vraiment en ce lieu ne règne la finesse
Et il y a tant à voir, allez donc au Campo
Et voyez y vivre dans le soir la jeunesse

Laissez-vous raconter l'histoire du Sampo
Par quelque Finnoise, des contes de faunesse
Seront mieux que Farnese et ses laids oripeaux


vendredi 20 septembre 2013

La Première Pizza.


Ne vous y trompez pas, le Graal se trouve à Rome
Loin des écrins vermeil, d'argent ou d'électrum,
Il est fait de farine et de levure et d'eau
Et chacun veut goûter à ce divin cadeau.

Pétri de main d'homme par un coup de maître
Il n'est guère plus haut qu'un demi-centimètre
Ce Graal ne semble pas contenir quelque sang
Essuyé à la Croix aux plaies du Tout-Puissant

Non ce n'est pas le sang coulé du Saint Poitrail
Mais le fruit du travail plutôt que des entrailles.
Sur cette pâte douce on trouvera alors
Broyée, pressée, en sauce un génie de la flore :

Câline, ô tomate, tu t'allongeais ici
Lis, ma mie, dans ces vers ma longue épinicie :
Donnant tout ton parfum, donnant toute saveur,
Tu m'as fait poète, tu m'as rendu rêveur

Mais tu es généreuse et partage la gloire
Et la mozzarella pouvait enfin s'asseoir.
Tout en tranches fines elle s'offrait à moi,
Ô fromage italien, je frétille en émoi !

Sur ce divan divin se couchaient simplement
Des couples de moitiés de champignons amants
Au-dessus du soleil ils élevaient le goût,
A les voir aussi haut, on se sent à l'égoût.

Le supplice sans fin était tout délicieux :
Juste sorti de terre, un artichaut des cieux
Là déposa son coeur puis le laissa s'épandre
En chantant à tue-tête "Oui, ce coeur est à prendre ! "

Le prosciutto divin trônait en majesté
Régnant sans partage, consolant l'attristé,
Roi génial et puissant dominant cette pâte
C'est toute l'Europe qu'en jambon Zeus appate.

Devant ce Graal de goût je rendis grâce aux dieux
D'avoir fait deux soleils gémellaires radieux
L'un brillait tout là-haut, l'autre ici se posa
Pour murmurer son nom, Pizza Capricciosa



Jeux de mains


Et plus je le regarde et plus je pense en moi
" Il n'est point de cliché qui ne se vérifie"
De chaque phalange je fais feu de tout bois
Que l'on nie ce cliché, en voilà un défi !

J'ai vu plusieurs taxis éviter l'accident
Parce que, comprenez-vous, ils parlent avec les mains
Ainsi d'ici viendraient les langues d'Occident
Pourtant nul n'est nocif comme un chauffeur romain !

Au hasard je rappelle en une strophe brève
Que Venus de Milo est une statue grecque
Pour qui parler des mains restera un doux rêve
Qui n'eut point d'accident, en taxi ou en break



jeudi 19 septembre 2013

Une ruche de Vespa

Si un soir Dieu doit quitter Rome
Pour qui dansera ce scooter
Abeille en un herboratum
Ballerine du Créateur ?

Clopin-clopant volée volante
Cahin-cahant vont ces insectes
Corps de ballet aux danses lentes
Longue procession grande secte

A dos de scooter voyez-vous
J'ai vu cette Ville Eternelle
Le Vittorino je l'avoue
Est pour sûr une ruche belle

Filant, fouettés par une brise,
Nous étions deux Garibaldi
Victorieux dans la Rome prise
J'entendis Hugues qui me dit :

" Comme un scooter est agréable
Tout est splendide tout va vite
Pour moi il est indispensable
Mais traître: vois comme j'évite

Quelques piétons, un autocar ! "
Mais le ballet reprend pourtant,
Danseuses répétant l'écart
De l'aube au jour décrépitant

Recommencent les ouvrières
Leur course folle fou ballet
Sont tant efficaces prières
Que Dieu d'ici s'en est allé.



mardi 17 septembre 2013

Campus


Là on entend hurler l'été
Entend murmurer la jeunesse
A l'oreille de la beauté
" Il n'est pas d'autre endroit où naissent
Douces velléités d'Eros
Et sombres désirs condamnés
Qu'auprès d'Hélios et son carrosse
Et sa course si surannée "

Ici mille odeurs de musique
Des millions de coeurs en fleur
Puis des milliards acinétiques
Y resteront bercés par l'heur
"Ne comprends-tu pas où trouver
L'or, les chansons et les femmes ?
Cherche ici-bas les réprouvés
Et écoute penser les âmes. "

lundi 16 septembre 2013

Les Premiers Pas


Il voulait immortaliser
Ce premier instant, comprends-tu,
La retenue fut remisée
Curiosité devint vertu

" Hé quoi, ce sont nos premiers pas ! "
Avant même de toucher terre
Que sera-ce quand en Vespa
Nous rencontrerons les Cinq Terres !

Les premiers pas ne seront que
Faits de béton et d'autobus
Point de forum, de rouge-queues,
Point de charme, point de Titus

Mais qu'importe, dégaine donc
Ton appareil, photographie
Même s'il y passe quelconque
Les premiers pas sont un défi




Terre !


Puis nous nous rappelons au souvenir gênois
Christophe aux caravelles enchantant Isabelle
Est à son bastingage un sourire benoît
Un ordre au lieutenant un baiser à sa belle

" Je reviendrai sous peu, auréolé d'audace
Alors l'on médira comme Jean II fut sot
Mais à moi peu m'en chaut, vois rêver Las Casas
Et ces quelques enfants, l'envie sous le boisseau

" Que penserai-je alors posant le premier pas
Songerai-je à mon or, à la Route des Indes
Caravanes d'épices et forêt de sherpas
Le safran prisonnier dans des livres en zend

" Ou aurai-je en mémoire un père racontant
Le vieux Marco Polo aux récits délirants
Ou l'équipage aigri aux ventres mécontents
Maudissant à jamais le scorbut dans mes rangs ? "

Il craint le premier pas, fier Christophe Colomb,
Aventurier docile à la merci des vents
Embarqué dans un rêve au crépuscule long
Serons-nous, Vice-Roi, revenus pour l'Avent ?

N'aie crainte, cher Edouard, la côte est sous tes pas
Ce pays est à toi, vois tous ces indigènes
Ajuste ton sextant, affine ton compas
Et tu seras l'heureux, l'aventurier de Gênes



dimanche 15 septembre 2013

Une année dans un sac



Voilà une année dans un sac
Eradiquant le superflux
Gulf Stream aérien le ressac
Arrive en un violent reflux
Qu'as-tu donc mis en tes filets
Ulysse craignant de couler ?

J'ai mis quelques livres en dedans
Aucune enveloppe d'hiver
S'il faut un jour claquer des dents
C'est à vingt ans qu'il faut le faire
J'ai pris quelques bouts de soleil
Avant que l'astre n'ensommeille

Pour sûr je n'avais plus de place
Pour un rêve ou pour une femme
Et à quoi bon puisque m'enlacent
La Ville Eternelle et son âme
Je leur ai préférés, pardon,
Trois mille ans et quelques chansons

Vingt-trois kilos c'est bien trop peu
Les lanières ne ferment plus
Mais déjà l'avion, sirupeux,
M'appelle de son angélus
Voilà une année dans un sac
Et tant laissé sur ce tarmac



Sous la pluie de Septembre


Sous la pluie de septembre
Vendeurs à la sauvette
Un clochard qui y voit de la pluie dans sa chambre

Sous la pluie de septembre
Un couple qui se sert
De l'amour un baiser semble être l'antichambre
Puis les voilà partis, de l'amour émissaires

Sous la pluie de septembre
Et Rome qui s'épand
Que nous réserves-tu aux douceurs de décembre
Tes allées de soleil ou ces jours discrépants? 





samedi 14 septembre 2013

Le Snack.


Je ne m'attendais guère aux Dionysies d'antan
Ni aux bacchanales ni même à des agapes
Je ne me voyais point en Néron de mon temps
Dans une orgie infâme en dénudé satrape

Je ne souhaitais non plus, en Giordano Bruno
Quêter ici le pain et quêter ici l'eau
Subir ici la faim et là un tyranneau
Devenir d'une cruche ainsi suce-goulot

Et pourtant ci-devant se trouverait mon snack
Que je ne le saurais, si minuscule orgie :
Personne ne connaît pareil coup de Jarnac
Que celui qui connut en l'air ce qui surgit;

Sachet de thé ici, et là chausson aux pommes
Disputant aux fourmis la plus petite taille
Je devais entamer, avant de toucher Rome
Contre mon estomac la plus grande bataille







Homme libre toujours tu chériras la mère


Oui je pense bien sûr à Ronsard et ses vers,
Me crois-tu si j'assure ici comme un revers
Tout mon bonheur de vivre un voyage nouveau ?

Heureux à en être ivre, ivre à en être beau,
Aux tercets misérables, aux sourires ébétés,
Aux cadeaux périssables, aux baisers répétés,

J'embrasse ceux que j'aime et attends peu de temps ;
Quelques surnuméraires égratignent l'instant
Puis me voilà parti, puis nous voici en l'air

Avion, nouvel Hermès, tes gestes si célères
Me font me rappeler la vie de ceux qui partent
Avec coeur et envie, sans boussole ni carte

Me font me rappeler la vie de ceux qui laissent
Ici et là leurs peurs et ailleurs leur faiblesse
Hébreux sans Pharaon, Wright en son fuselage,

Et l'on se sent burgrave ici sans vasselage
Et l'on se sent bohème et l'on se sent vivant
 D'avoir trouvé au ciel le meilleur adjuvant







Premiers vers de Rome



Une Gnossienne de Satie
J'accoucherai, par un clavier,
De ces poèmes de Prati,
Pour qu'ici vous me suiviez

A travers quelques lignes rares
Sans prétention et sans talent
Je serai, serviteur Edouard,
Capitaine de ce chaland

Laissez-vous naviguer alors,
Argonautes du Palatin,
Dans votre esprit laissez éclore
Ces quelques couplets peu latins

Laissez-vous faire, douces Laures,
Par Pétrarque dans le matin
Veillant sur ses vers, jusqu'alors
Fange masquée par du satin