mercredi 25 septembre 2013

Comme un coquelicot né dans la fange


Il y a des églises, des stupéfiantes
Où l'on entre en arrière, à reculons,
Le doute cartésien, l'âme méfiante
Et des relents de Combes tout son long.

L'on trouve bien bigots tous ces égards
Rationnel on se rit des ex-votos :
Vieille romaine folle, habits ringards,
Croyance populaire en des Sotos.

Un siècle après Comte l'on voit encore
Ce positif bien peu positiviste :
Cesse d'écouter l'orgue et ses accords
Ecoute Dieu-Raison, sois athéiste !

Et pourtant cher ami, je ressens là
Dans le grand silence de cette église
Sans besoin de beauté, de mandalas
D'introïts pénétrants, de vocalises

Des âmes en communion, en grande paix,
Tournées vers cet autel et ses reliques
Pour y soigner quelque cœur éclopé
Entonnant l'Angélus archangélique.

Dans l'imparfait d'un corps, laid et ridé,
La vieille bigotte pose ses mots,
Ceux-ci par les années semblent bridés
Mais si doux et conscients de tous les maux.

Strabisme, odeur vieillie, veste criarde,
Belle dans sa laideur elle sourit
Se retourne et s'asseoit cette vieillarde
Elle blague elle est sage et elle prie.

Ailleurs, un franciscain, yeux grands ouverts,
Tantôt prie et tantôt regarde autour
Puis pose son regard sur ce Calvaire
Dont il scrute, curieux, tout le pourtour.

Puis il voit un ami, d'un bond se lève
A voir ces sourires, qui ose dire
Que la vie près de Dieu jamais n'élève,
Que n'y naît nul bonheur, qui peut médire ?

Les moines s'embrassent sans se toucher,
Accolade du front des deux amis
Le Respect à leur geste était couché:
Ils passent l'agapê par le tamis

Oui il faut avoir vu le calme saint
Inscrit sur leur visage et leur regard
Pour enfin comprendre le pieux dessein
De prier pour sauver ceux qui s'égarent.

Il y avait aussi venues ensemble
Une mère et sa fille ainsi que Dieu
Qui contemplait ravi comme Il rassemble
Par quelques Ave pieux, chant mélodieux

La fille était priante et je voyais
La mère admirative et quelques larmes
Sur ses joues de mère se déployaient
Devant la foi d'enfant, qui tout désarme.

Je suis sorti sans bruit après une heure
A voir la confiance, la foi vécue
Dans ce grand débarras de vrais bonheurs,
Offrant leur chapelet, manquant d'écu,

Ces gens auraient été en l'an zéro
Ces bergers accourant au chant des anges,
Sans être grand, sans être héros,
Comme un coquelicot né dans la fange.


crédits photo : http://dufresne5.tumblr.com/ 

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