jeudi 31 octobre 2013

La Nuit privée d'étoiles


Dans la nuit adultère
Et la lumière absente
Dans le plaisir enfoui aux cents coins de la Terre
Et le silence exquis clameurs assourdissantes :

Dans le bus au départ
Et les bouteilles vides
Dans les couples d'amour cachés dans les remparts
Et leurs baisers furtifs se muant en avides

Dans les rues en rivières
Où flottent ces voitures
Dans les haleurs vernis creusant les fondrières
Où la pluie voit grandir ses gouttes en batture

Dans les hôtels complets
Où rêvent les amants
Dans l'aviné qui chante un refrain sans couplet
Où l'amour d'une femme est le plus beau diamant

Dans le rêve endormi
Et le songe éveillé
Dans l'homme que l'on voit d'en haut comme fourmi
Et dont l'âme s'émeut d'un cœur ensoleillé

Dans le grand de ce ciel
Et le petit d'esprit
Dans la coupole en feu de feux artificiels
Et l'enfant qui la montre et dans ses yeux surpris

Dans les éclats de verre
On entend ceux de rire
Dans l'obscur crépuscule et ses toits sans calvaire
On voit les lumières naître puis dépérir

Dans la nuit monochrome
On ne voit d'autres toiles
Dans cet oubli soudain il manque les arômes
Puis on ressent enfin la nuit privée d'étoiles.



mardi 29 octobre 2013

De l'art catéchumène


Doria Pamphilj, retenez bien ces noms
Et videz votre esprit pour l'en remplir de ça :
Doria Pamphilj, voilà donc le chaînon
Entre le Mont Olympe et la Terre en-deçà.

Dans tout Rome il n'y a de palais aussi fin,
Sans lourdeur rococo ou vacuité antique :
Il n'est besoin ici de mille séraphins
Pour peindre quelque saint en quelque air béatique.

L'art se complaît si bien dans la noble famille
Qu'il y a invité le Beau, le Grand, la Grâce
Voyez-les tous ensemble en ces murs ils fourmillent
Y repoussant le laid par d'épiques pancraces. 

Ami, passe du temps et contemple chacun
Des tableaux du palais, uses-en les parquets,
Imagine Innocent X en ce baldaquin
Et les livrées vert sombre habillant les laquais,

Rêve-toi régisseur de cette collection
Effrayé par ce pape et son air impérieux,
En contemplant Lippi et son Annonciation
Ou Jan Brueghel peignant un Eden luxurieux.

On aurait vite fait de se voir châtelain
Servant contemplatif la famille romaine
A garder les toiles, à veiller le vélin
Car ici l'on se sent de l'art catéchumène.



lundi 28 octobre 2013

C'est là que les oiseaux font leurs nids


Sur l'île Tibérine une foule anonyme
Se réjouit des volées d'oiseaux, ces pantomimes
S'envolent en nuage au-dessus des églises.
Ils migrent annonçant l'an qui se réalise,
L'hiver qui nous accourt et la fin de l'été -
Vois, la nuit qui nous vient fait les airs hébétés.

Tombant à notre goût trop vite à notre dam,
La nuit frappe et surprend tout le monde et quidam,
Il en sera ainsi, supplice de l'hiver,
A la morte saison - vois mourir l'arbre vert
Sous le poids des oiseaux qui s'échouent sur ses branches
En nombre indénombrable et aux coudées si franches

Qu'ils traversaient le ciel en larges paraboles
Puis s'écrasaient enfin en vaste caracole.
Ces nuées d'envolées au-dessus de la ville
En remplissaient le ciel de leurs piaillements vils,
Ivres de leur envol s'écarquillant de rêve
Un temps les rois de Rome en leur hymne sans trêve.

Et la foule anonyme applaudissait sans bruit
Mille nuées d'oiseaux qui dévoraient le fruit
Des platanes des quais, avalaient tout autant
L'été qui s'en venait dans le jour s’alitant.
Foule photographe, voyais-tu en nuée
Mille oiseaux ou alors l'été diminuer ?



Sonnet solaire


A la fin de l'été la lumière en éclat
Beauté du crépuscule et de potron-minet
La toile bleue dessine au ciel des entrelacs
Perdrait-on le splendide en des cieux embruinés

Laisserait-on malgré nous la teinte d'en-haut
Se ternir de ce gris qui engloutit les hommes
Et supportera-t-on les hauteurs en chaos
Nous masquant le soleil en un triste velum

Mais sous Râ et son disque on aurait trop à faire
De penser à l'hiver et les journées de gris
D'avoir de ces idées sous un ciel aurifère

De voir dans la beauté un malheur rabougri
Alors même qu'on voit sous un ciel lucifère
La grâce relevée la laideur amaigrie


samedi 26 octobre 2013

Les Digressions guidées


Caché dans quelques vers, le poème en abri,
Alors que cette nuit me fait Nosferatu,
Recevez en poème un élégant débris :
Me lisant de travers, amie comprendras-tu

En soudaines pensées quels desseins bien curieux
Respirent aux tréfonds de mon cœur incertain - 
Y voyant une envie, un besoin impérieux,
Le poète y saisit un hasard opportun,

Ne trouvant la force dans les mots prononcés.
Y a-t-il courage et force dans ces vers ?
Pas le moins du monde je me sais engoncé
En ma couardise basse en timoré trouvère.

Noyant dans la bière les pousses de raison,
Submergeant toute idée de sentiments naissants,
Engloutissant l'envie de passer les saisons,
Repoussai-je sans fin mon cœur iridescent.

A l'aparté heureuse en songe je pensais
Par un simple au revoir, un baiser sur la joue.
Au moment des adieux, cette plaie fut pansée
Sur le coup d'un baiser, un baiser en bijou.



vendredi 25 octobre 2013

Dans un transport peu commun.


Dans les âmes jaunies au rythme de la pluie
Devançant la planète en sa révolution,
J'avais vu cette femme entrouvrant soudain l'huis
Du sourire en disant la simple locution

" 'Messo ?" me lança-t-elle, un éclat au visage.
Surpris par cet égard, cette joie peu romaine,
Dans Rome où l'impoli est un tyran sans âge,
Je me sentais revivre, une âme qu'on ramène.

Je m'écartais, ravi de répondre à son vœu
Je la voyais passer, diseuse de bonté
Mais après son passage, ô quel cynique aveu,
Je ne vis plus ici que vulgaires beautés.

Le regard triste et froid des autres, impolies,
Me rendit terne et moi qui connus ce sourire
Je trouvais sans saveur ces méchantes jolies
A la canaillerie pénible à en mourir.



jeudi 24 octobre 2013

Préconciliaire


Dans les prés palatins
Cela fait bien longtemps
Que de belles laudes, sublimes chants latins,
Ne nous réveillent plus, nous les roger-bontemps.

Trouvant au grégorien
Notre piété tacite
Cachée dans ces montées et ces airs aériens
Nous sommes pèlerins à la foi déficit.

Nous errons ça et là
Dans le bleu de ce temps
Sans paroisse, sans feu, sans un soutien prélat
Simples amoureux fous en quête et haletants

Où courez-vous, amis,
Chercher le chant céleste ?
Là où sont les orfrois, les surplis, les amicts,
Les grandes processions et l'encens qui y reste.

Nous sommes pieux païens
Et dans ces dalmatiques
Nous devenons aux cieux de nouveaux citoyens
Au mystère érudits par la paramentique :

Dans la lourde chasuble
Tracée de cent fils d'or
Nous lisons aisément les desseins insolubles
De Celui que si mal à genoux l'on adore.

J'ai l'âme chancelante
Et le cœur tout autant,
Laissez-moi ici-bas entendre lancinante
La complainte antique des hommes pénitents

Ô hymnes grégoriens
Revenez-nous souvent
Afin que de mon cœur si souvent bon-à-rien
Vous en fassiez ce cœur généreux et vivant


vendredi 18 octobre 2013

A bientôt !

Ô à toi qui me suis ou ami de passage
Sois patient et calme me voilà en route
Juste avant d'être en vol avant le décollage
Il est tôt et je suis déjà l'homme en déroute

Pressé et en retard je me dois de partir
Pour le pays germain pour voir un camarade
Priez pour moi, païens, la pitié de Tyr
Le dieu du ciel clément de l'Odin rétrograde




jeudi 17 octobre 2013

25°C


Sans vouloir te donner envie,
Paris au ciel gris asservi,
J'aimerais te dire en secret
En quelqu'apophtegme discret

Que ta jumelle transalpine
Dans les effluves d'aubépine
Dans l'exhalaison de l'été,
Alors que l'automne allaitait

Tous tes voisins ternes et blafards,
Avait ici mille fanfares
Fanfaronnant ici encore
D'avoir le feu du diable au corps

D'avoir le mercure aussi haut
- Chose commune, dit Clio.
Car sachez qu'à Rome en octobre
Se trouverait la pire opprobre

Si Jupiter y ordonnait
Que cessent de s'y adonner
Les chevaux d'Hélios si longtemps,
Un Steeplechase de beau temps.

Vraiment, Paris, je t'en conjure,
Je ne te serai pas parjure
Si tu gardes ta jalousie.
Plutôt je veux la parousie,

Le retour de l'astre solaire
Et l'accord de ta gémellaire
Pour partager en équité
Ce soleil et et t'en contenter.

Pitié, Paris, oh ! laisse-moi,
J'ai à profiter de ce mois
Et je m'en balade à mon gré
Dans Rome et ses vingt-cinq degrés.



Les protagonistes


Le rideau rouge s'ouvre et les draps tout autant
Un rêve qui s'enfuit nostalgie de l'instant
Le bain qui applaudit l'orchestre qui s'éveille
L'ouvreuse qui ôte les crasses de la veille

Puis le ballet débute avec un monologue
Qui ne prendra sa fin que dans ces vers d'églogue

Dans la lourdeur du soir à la chaleur épaisse
Rappelant à l'humain son animale espèce
Dans le matin givré qui brûlera la nuit
Dans la lourdeur brumeuse et le plat de l'ennui


Puis le ballet débute avec le bruit des rues
La rumeur d'une cour naquit et disparut

Des étendoirs à linge ainsi que des terrasses
Servent de l'air à boire à d'éclatantes braces
Sans réfléchir un temps la cafetière au feu
Un bonjour au Très-Haut à l'ombre de l'enfeu

Puis le ballet débute ainsi que cet orchestre
Empiété des lourdeurs de cette vie terrestre

L'université est une chose curieuse
De faire du savoir chose si ennuyeuse
Aussi à y rester l'homme est sot et stupide
A préférer aux arts des propos insipides

Puis le ballet débute agacé du public
Qui préfère le docte aux sombres basiliques

Ah entrent sur scène les deux protagonistes
Qui se seront choisis fidèles casuistes
Une place à aimer et une église à voir
Vivant de leur être le défaut de l'avoir

Puis le ballet débute et se finit le jour
Les protagonistes savourent ce séjour

Plaisirs dominicaux au jardin du Pincio
Nous portons l'étendard en notre carroccio
De ce jour finissant du rideau qui s'effondre
L'on craint loin des beaux jours de nous voir nous morfondre



mercredi 16 octobre 2013

Un 10, Downing Street italien



Roméo et Juliette
Sont héros italiens
Shakespeare à Vérone a laissé quelques miettes
Entre Londres et Rome a tissé quelques liens

Est-ce là la raison
De voir au Trastevere
Du serviteur anglais le pas de sa maison
Au coin d'une ruelle en ce lieu découvert ?

Si cette belle porte
Renfermera sans doute
Mille homme presque fous, cent âmes presque mortes
Dix harpies immondes, un monstre qu'on redoute

En haut de ce perron
Elle fascine autant
En rêvant la Méduse et son regard vairon
Qu'en sachant un ministre à l'orgueil éclatant

A ce 10, Downing Street
Vous trouverez ami
L'Angleterre effeuillant d'amour la marguerite
Et qui sait dans cet ocre effrayantes lamies

Je vous mets là en garde
On ne saurait jamais
Savoir où l'on se meut et ce qui nous regarde
Après cette porte gardez le bras armé



mardi 15 octobre 2013

Son trône sera devant moi comme le soleil


La ville a peu d'éclat dans les odeurs de flaques
Dans les habits collants les faces hébétées
Dans les toits ruisselants ainsi qu'un vernis laque
Dans le chœur des gouttes aux couplets répétés

Sur le plus haut des monts on se trouve déçu
De voir qu'ainsi grandies les âmes sont pareilles
Marchant timidement sous un noir pardessus
Ne se regardent pas ne tendent point l'oreille

Pour entendre au lointain pousser le chant des anges
Dans la clameur joyeuse et un ciel orangé
Je voyais en ceux-ci la plus belle louange
Et dans ce soleil blanc les diables dérangés

Je Le voyais reprendre en majesté la Terre
Des mains de quelque Mal aux allures de pluie
Mais ce n'était sans doute au lieu de ce mystère
Que le retour heureux du seul astre qui luit



lundi 14 octobre 2013

Pour ne pas perdre de vue les étoiles


Je contemplais ravi
Un océan de toits
Vous redirais-je encor cet odieux peccavi
Dans ces vins de Toscane il manquait ceux d'Artois

J'admirais enfantin
Les coupoles antiques
Et celles qui dansaient, enroulés serpentins
Et celles qui prenaient de grands airs dramatiques

Je célébrais conquis
Cette soirée en haut
Buvant limoncello refusant un whisky
Puis je levais les yeux vers les astres féaux

Je regardais au loin
Où pointent les étoiles
Ainsi que la vigie d'un navire malouin
Qui fixe son regard comme un peintre en sa toile

Je voyais en ce songe
La nuit en procession
Me promettre la lune et tant de ces mensonges
Qui feraient faire à Dieu mille compromissions

Je scrutais attentif
La galerie nocturne
M'apprêtant à offrir quelques vers laudatifs
A cette nuit bougresse et ses airs taciturnes

Je guettais suspicieux
Chaque coin de nuée
Cherchant le satellite à chaque coin de cieux
Mais savais que ce soir en serait dénué

J'apercevais là-bas
Derrière Saint-Agnès
La Lune diablesse maîtresse de sabbats
Masquant dans les nimbus sa face d'ivrognesse

Je fixais affolé
L'ivresse manifeste
Et demandais au Ciel de voir ses feux-follets
Plutôt que la Lune finalement funeste

Je sondais plus en haut
Et là je vis les astres
Pour ne pas les perdre de vue à nouveau
J'admirais leur lueur et leur hauteur jobastre

Je goûtais cet instant
Les yeux levés au ciel
En oubliant la lune en un bonheur constant
De lire en ce plafond la beauté impartielle

Je touchais en mon âme
Une grandeur nouvelle
La tête relevée loin de la lune infâme
Colomb à la vigie de quelque caravelle

Je reniflais le soir
Y trouvant ce parfum
De crasse de gris d'extase d'encensoir
De rumeur et d'alcool et de plaisir sans fin


J'entendais battre là
Le tambour étoilé
Derrière les stratus, la lune par-delà
Dans les volutes d'or aux chansons inhalées

Alors pour ne pas perdre
De ma vue les étoiles
J'ai laissé mon regard aller et puis s'éperdre
Naïve Pénélope à l'Ulysse sans voile



mardi 8 octobre 2013

Saint Jean de Latran II


Et tandis que Luther cause du tort à Rome
Alors qu'excommunier n'est plus la solution
Il s'agit d'expliquer la transsubstantiation
Par les arts et les sens sans compter les jours-homme

Pour la Gloire de Dieu se reconstruit l'Eglise
Il s'agit de prouver la primauté papale
En faisant de Saint-Jean prodige épiscopal
En faisant de Luther un crime qui s'enlise

Il s'agit en ce lieu d'exprimer la beauté
Pour ça Borromini paraît avoir un don
Ainsi l'hérétique demandera pardon
A l'ombre et sous les ors de cette papauté

Mais à voir l'angelot simple grille de porte
Coiffé de la tiare cerclé d'épais lauriers
Je me dis que le beau ici fut contrarié
Il s'agit de souhaiter que le diable l'emporte




Saint Jean de Latran I


A Saint-Jean-de-Latran rappelez-vous toujours
Que tout commence ici pour le trône de Pierre
Et si quelque pontife a vécu trop de jours
Un autre renaîtra évêque de ces pierres

L'escalier de Pilate est sur la même place
Est-ce là la raison de gravir quelques marches
Avant  de pénétrer dans le papal palace
Par l'imposant portique aux imposantes arches

Le ciel avait grand bleu et avait été gris
Puis il s'était ouvert pour nous laisser passer
Il en avait fini de ce temps rabougri
Où les âmes tristes s'en allaient trépasser

Nous entrions joyeux dans le vaste palais
Fidèles fidèles du trône de Saint Pierre
Par la lourde façade un décor de ballet
Pour visiter heureux cette église en prière


Dans le bus 63


Au lieu de ces chouchous, minables élastiques
Au lieu de ces bijoux de fer et de plastique
Au lieu de ces cheveux aux couleurs malhonnêtes
Au lieu de gourgandine aux airs de midinette

Elle tient ses cheveux par deux boucles d'argent
Et ses bagues gravées font jalouser la gent
Elle a le crin sauvage, antique Cléopâtre
Elle est impératrice et moi suis pauvre pâtre

Mais que puis-je faire pour séduire un instant
Cette belle Ariane jaillie d'un autre temps
Me présenter Bacchus offrant sans condition

Mon coeur, une couronne, une constellation
Et tandis qu'en ce lieu je me rêvais Titus
Je vis Bérénice s'échapper de ce bus

lundi 7 octobre 2013

Tu es Petrus


Si l'Eglise est un corps, nombreux sont ses visages
Concurrençant Janus, ne s'en trouvant que deux
Mais rejetant Janus et ce qui fut d'usage,
Voyant tomber l'Empire avec Schadenfreude :

Culte de l'Empereur, divin et impérial
Et prise d'auspice, lecture des entrailles,
Et l'avis de l'augure et grandes Mercuriales,
Et le feu dévorant au lieu de funérailles,

Tout cela finissant, tout ceci en naissance,
L'Eglise en majesté se grandissait alors
Montrant la charité, le pouvoir, la décence

Dans la même cité agâpé et folklore
Elle peut bien chuter, tomber en décadence,
Je vous l'assure ici, l'Eglise vaut de l'or


samedi 5 octobre 2013

Avec Stendhal comme guide


Vous auriez tort en fait
De vous inquiéter du retard
De mes poésies trop surfaites
Ecrites vite et sur le tard

Puisqu'à la vérité
Je me plais tant à découvrir
Le plein plaisir de méditer
Sur ce que Stendhal sut écrire

Sur chaque coin de rue
On sentirait son souvenir
Si nous n'y voyions incongrue
Une madone s'y tenir

Si vous cherchez un guide
Préférez à quelque " Routard "
Qui vous rendrait l'âme languide
" Les Promenades ", un nectar




Le Syndrome de Stendhal


Il n'est pas celui que l'on croit
Je l'attrapai place Navone
Assis tel sur un trône un roi
Rendant justice sous divonne

Dans ses " Promenades" romaines
Je me reconnaissais si bien
Dans chaque mot du volumen
Du grand Romain mort Parisien

Stendhal disait si bien déjà
Ses pulsions dictatoriales
Devant les touristes goujats
Sans respect pour l'Immémoriale

Et voilà vraiment le syndrome
Que je ressentais tout autour :
On ne partage les arômes
Avec tant de déléatur
 

mercredi 2 octobre 2013

Les Cartes Postales


Ces cartes-ci ne te méprends
Ne servent pas à retrouver
Petit-Poucet tes deux parents
Qui si longtemps t'auront couvé

Ces cartes cher ami plutôt
Te servent à montrer ton chemin
Et t'évitent roman-photos
Et missive en un tour de main

En voilà une à cet ami
Que tu voudrais auprès de toi
Ne lui fais donc point l’infamie
De le laisser seul et pantois

En voilà d'autres tout autour
De cette Terre où l'on voyage
A l'aller simple sans retour
Cri de bonheur sans bredouillage

Conte ta vie sur une carte
En faisant confiance à Mercure
Puisque déjà les postiers partent
Sans ma carte mais n'en ont cure

Hé bien postier envoie-la donc
A ma famille à ceux que j'aime
Vite envoie-la, sonne la conque
Car postier elle est une gemme

Je donnerais large fortune
Pour que n'arrive à mes amis
Aucune attente inopportune
Aucune curieuse alchimie

Puis quand la carte est arrivée
C'est un proche qu'on a comblé
J'imagine ses yeux rivés
Pupille claire et vue troublée

Je reconnais bien aisément
Que j'exagère mon propos
Puisque la carte est sûrement
Sur le frigo ou en copeaux.



mardi 1 octobre 2013

23° C


Je garde un réflexe, des réflexes français
Ainsi que celui-ci de croire qu'en octobre
L'hiver et ses flocons auraient tant avancé
Et sur l'été auraient jeté la pire opprobre

Que le mercure honteux aurait eu bien trop peur
Et n'aurait pas bougé du haut de son perchoir
C'est ainsi qu'aujourd'hui je suis dans la stupeur
D'être au mois d'octobre sans besoin de mouchoir

Apollon en ce lieu doit se sentir si bien
Qu'il y a installé au flanc de l'Aventin
Sa tente en la domus des enfants des Fabiens
Car il préfère Rome aux grossiers Byzantins

Il resplendit ici au début de l'automne
En disant "Chers amis, je resterai longtemps"
On trouverait, Français, cela bien monotone
De se voir à Paris quand Rome est sous ce temps

On prend vite le pli sous ces vingt-trois degrés
Oh il faut sacrifier ses plus splendides pulls
Mais que voulez-vous donc, je n'ai point de regret
D'être loin de Paris, à l'automne crapule


L'Epitaphe


Je ne sais pas qui est Jean-Marie Augustin
Doulcet mais à Saint-Louis cette belle épitaphe
Reçoit chaque matin un chiffon sacristain
Qui la frotte bien plus que quelque cénotaphe

Cette plaque a le charme élégant et bourgeois
De cette noblesse sans envie ni secret
Sans pouvoir ni génie, sans émotion ni joie
Si ce n'est dans le marbre et l'éloge discret

A son enterrement sans doute entendaient-ils
Ses  amis sa famille assis en dignité
Des discours sans vie, creux, sans formule ni style
Avec l'air emprunté feignant l'assiduité

A moins que cette épouse à genoux et pleurant
Aimait sincèrement Jean-Marie Augustin
Dans des cris déchirants, pénétrée, implorant
Cent-mille chérubins d'inverser le destin

Et malgré sa mantille on voit si bien couler
Les larmes sur ses joues et le rouge aux pommettes
Que " c'est en février déjà les giboulées "
 Se rit un invité - alors je guillemette.

Ou bien ce bon monsieur n'était finalement
Rien de ce que je lis mais bien plutôt était
Un bien mauvais mari autant qu'un piètre amant
Bête laid en hiver, suant sot en été

J'inventais son histoire un sourire à mes lèvres
J'aurais pu inventer sa vie et puis sa mort
Bandits de grand chemin, un cancer de la plèvre,
Cette épitaphe en moi causa un grand trémor

Qui donc sur cette Terre a un pareil hommage,
Des amis avenants, les soins de cette église
Et sa réputation figée dans cette image ?
Hum un certain Doulcet, à l'épitaphe exquise