samedi 30 novembre 2013

Blesse-t-on un héros en en lisant l'histoire


Distinguez-vous le chant dans les rêveries lues
Dans les saillies tracées les pages parcourues
Dans l'histoire d'amour à la coquecigrue
Distinguez-vous l'ode dans les mots émoulus

Chantez-vous tristement quand y meurt l'amoureux
Caressant une joue après les élégies
Comptez-vous les baisers ainsi qu'à la vigie
Ce marin y voyait des continents heureux

Dites-moi si enfin c'est une partition
De lire en des lettres la triste cantilène
D'entendre à travers livre une déclamation

Ne serait-ce plutôt cent coups de rivelaines
Au héros en transports en larmes au boudoir
Blesse-t-on un héros en en lisant l'histoire


(crédits photos: Abbas, Magnum Photos)

jeudi 28 novembre 2013

Un Phœnix au lumen


Dans les ruines du soir j'amasserai demain
Ce que le satellite aura semé la nuit
De poète et de froid et de calme et de bruit
Sur les arbres les bus et au creux des chemins

Dans le silence plat qu'on veut tant qu'on le fuit
On entendrait sans voir la neige s'écrouler
Mais ce n'est que la brume et le gel en coulée
Qui règnent aux allées dans Rome à la minuit

Trouverais-tu sans doute une fiole de charme
Dans les lèvres gelées et le givre au matin
Dans l'esclave de maître en sortie du mâtin

Dans les rues désertées par l'ivrogne vacarme
Mais à potron-minet l'homme qui se promène
N'est que fêtard poète un phœnix au lumen


mercredi 27 novembre 2013

Humeurs II

Je n'irai plus aux collections
Contempler des podiums couverts
Quand les parcs sont perdus de vert
Et le printemps en défection

L'hiver est là sur les marchés
On vend bonnets écharpes gants
Collants et manteaux élégants
Mais il est trop froid d'y marcher

Nombreux sont ceux qui disent à mon sujet


Je suis sacristain de mon âme
Peignant sans fin les soutanelles
Je suis à la tour sentinelle
Voyant au loin d'ici la flamme

Eclairait un large horizon
Mettant ses espoirs en des plumes
A la verte iris qui s'allume
Au chant d'un sauvage bison

Je suis le chasseur à perdrix
Je suis ce pèlerin usé
Qui se rit de se reposer

J'entendrai le chant dans les cris
Je verrai crouler l'hymne immense
Avant la fin de l'espérance

mardi 26 novembre 2013

Marauds napolitains


Et alors on se rêve en pêcheur de la voûte
Prenant entre ses rets tant de poissons volants
Qu'à l'hiver on croirait à un vol de milans
Rêvant de sa parure en un sud envoûté

Bercé par la comptine entendue plus en bas
Aux paroles versées sur le charbon les rails
Bercé des mélopées du cœur dans le poitrail
On s'avance joyeux des rêves au cabas

Dans la nuit sans recours qui finit au matin
On garde le mystère ainsi que la fortune
En gardant la cité dans le calme satin

En priant le silence aux heures importunes
Or voyez-vous on trouve après le Palatin
Des mains maraudeuses aux heures opportunes


lundi 25 novembre 2013

Les Poètes I


A voir passer le ciel plus bleu qu'il ne se montre
Et à considérer les foyers de la nuit
Oisifs à chaque instant sur les bancs de l'ennui
Ils font en lumière les plus belles rencontres

Perdus dans les nuées ne cherchant pas de carte
Ils sont ces endormis qui regardent les toits
Aperçoivent l'envol des nuages pantois
Et verraient dans leur pluie le crachat des jubartes

Ils rêvent à en vivre au dos des acrostiches
A grimper les sommets des rimes embrassées
Ils y voient les baisers des cœurs qu'ils ont froissés
Et meurent de souffrir de celle qui s'entiche

Ecoute la complainte entière de sanglots
L'éclat de leur sourire est bruyant sur la ville
A leur joie terne et hâve ils y seraient serviles
S'ils ne voyaient au ciel mille chœurs d'angelots

Leur chantant dans un cri que le ciel est à eux
Ils dispersent Michel et tous les séraphins
Disant les poètes sont de Dieu affins
Regardant Gabriel de leurs plumes en feu

Caracolent aux cieux les nouvelles raisons
Dans le soupçon de beau qu'ils gardent en rêvant
Les poètes montent dans la forêt des vents
Pour rapporter au Haut les éclats des saisons

Ils peignaient l'Empyrée de couleurs et d'azur
Sur un échafaudage en mots aux coloris
Nombreux ainsi qu'on voit l'infini des scories
Je vis là un poète écrire sa lasure

Ami ne reste pas sous le dôme aux apprêts
Les poètes œuvrent à sa coupole éteinte
En y peignant en vers le calme des étreintes
Restent perchés aux cieux afin d'en être emprès

Le poète est comme le chuchote l'éther
Jeté dans l'ouragan ainsi qu'un bateau ivre
Sans bouée ni roulis aucune vague à suivre
Il passe sans ciller l'âme satellitaire

Vieillard


Il a deux journaux sous le bras
Et la vieillesse en bandoulière
Qui l'enserre comme le lierre
Qu'on trouve aux maisons débarras

Il a le visage grêlé
Comme le temps ronge un plafond
Alors les poutres se défont
Et s'écroulent aux nuits gelées

Il a aussi à chaque oreille
Tant de plastique et tant de fer
Deux parasites sonofères
Y pendent en curieuses treilles

Il a les gestes maladroits
De cet enfant qui réapprend
A avoir le bras conquérant
A l'exercer en bel arroi

Il a son cœur qui bat trop fort
Et s'essouffle lorsqu'il se meut
Comme à vingt ans l'homme s'émeut
D'avoir l'amour en réconfort

Il a dit-on aussi le ciel
Qui dormirait souvent en rêve
Lorsque ses nuits même si brèves
Dorment au creux de l'essentiel

Il a les voyages amants
Qu'il passe debout dans le bus
Ignorant mon mauvais phébus
Portant la vieillesse en diamant

Et si


Et si le Mont Vésuve entrait en éruption
Verrais-tu le ciel gris comme une nappe en cendres
Les regardant tomber, les regarder descendre
Les laissant dans ta gorge entrer en irruption ?

Que ferais-tu alors courrais-tu en tout sens
Pour mourir effondrée sous le vieux péristyle
Brisée comme une fleur voit brisé son pistile
Ou attendrais-tu là ta seconde naissance ?

Dans le grand brouhaha de lave et des scories
Redirais-tu l'amour dedans un hurlement
A travers l'atrium aux amis survivants

Pleurant déjà les morts aux plages de Capri
Aux cent petits bonheurs aux mille déceptions
Et si le Mont Vésuve entrait en éruption ?

vendredi 22 novembre 2013

Une mendiante


Les platanes aussi se colorent l'hiver
A la morte saison en nuance de brun
Dans les branches brisées les feuilles en écrin
Gardent encor l'été en nuance de vert

En contemplant ravi les arbres en palette
Je voyais en leur tronc la vieillesse du bois
J'entendais à leurs pieds comme un chien qui aboie
Une vieille était là beuglant une piécette

Que pouvais-je lui dire à cette pauvre femme
Si seul'ment tu savais la taille de mon âme
Dans ses yeux avinés et sa face rougie

Le cheveu qui s'effondre et les larmes de mort
A l'ombre du platane ai-je quelques remords
De regarder sans voir la mendiante ici gît

Au Chant des Pèlerins

" Salut à vous, ô beau ciel! ô patrie !
Salut, forêts! Salut, verte prairie !
Fidèle au vœu de pèlerin,
Je puis quitter le bâton du chemin ! "

N'en dirais-je jamais assez sur la complainte
Joyeuse et sublime du Chant des Pèlerins
Il y a plus de grandiose dans un de ses refrains
Que dans quelqu'autre hymne dit sur quelque défunte

Alors que Tannhäuser souffrit qu'au Vatican
Le souverain pontife ait tué son salut
Sans aucune pitié quand il aurait fallu
Accorder son pardon au vivant pratiquant

Alors que Tannhäuser souffrit vous répétè-je
Du successeur de Pierre ainsi nous écoutions
Le prodige accourir en grande orchestration

La plus grande ironie ainsi que l'entendai-je
Est qu'au soir résonna dedans Saint-Pierre-aux-Liens
Le cri contre Pierre du génie wagnérien


jeudi 21 novembre 2013

C'est chouette, non ?

Librement inspiré de "T'es chouette" de Léo Ferré

C'est chouette
Le froid qui fait serrer les dents
Et des flocons tant de diamants

C'est chouette
Tous ces Romains emmitouflés
Comme si l'été s'en allait

C'est chouette
Les corps qui fument ceux qui gèlent
Les doigts blanchis et ceux qui pèlent

C'est chouette
Les nuits tombées sans qu'on les voie
Les rhumes qui rayent les voix

C'est chouette
De vivre l'hiver sans routine
Bonnets gants écharpes bottines

C'est chouette
D'avoir tous les doigts emmêlés
Et de voir le froid s'en mêler

C'est chouette
Sur les arbres l'on voit encore
Les feuilles chevillées au corps

C'est chouette
L'ombre qui passe et aperçoit
Les reflets d'eau couleur de soie

C'est chouette
Les palais qui brillent le soir
Et les musées en déversoir

C'est chouette
L'accordéon se paye ma tête
Quand je lui siffle ma trompette

C'est chouette
D'avoir les manches relevées
Avant la grippe à son chevet

C'est chouette
Un garçon séduit une femme
Dans un sourire offre son âme

C'est chouette
Personne n'écoute un violon
Qui gratte l'archer tout son long

C'est chouette
Lorgnons de soleil il en reste
Même s'il s'est caché à l'ouest

C'est chouette
Quelque part dorment les guirlandes
Un soir jaillissent puis se pendent

C'est chouette
La neige meurt sur le pavé
Le gris tapisse les travées

C'est chouette
D'écrire en un carnet petit
Le bruit puissant des noquetis

C'est chouette
C'est chouette mais déjà le temps
Fait se rasseoir les capitans

mercredi 20 novembre 2013

Prévisions


Stendhal écrit un soir qu'après deux mois ici
Dans la Ville Éternelle il devient important
Pour en fuir une ivresse, en être bien portant
De la quitter un temps, quatre cinq jours ou six

Me voilà maintenant parvenu à cette heure
Avec l'envie d'aller par delà Muraille
Aurélienne où l'on trouve étangs Naples sérails
École de Capoue et tranchants de licteurs

Poudre d'escampette jetée au bas-côté
Feras-tu croître un soir voies de chemin de fer
Brèches boyaux allées routes qu'il reste à faire

Vois briller le voyage à l'instant tressauté
Surpris de cent détours en l'Italie campagne
De faire de Naples sa dernière compagne

(En réalité il s'agit d'une photo d'Orvieto mais les prévisions de ce week-end portent sur Naples)

mardi 19 novembre 2013

Au faisceau de lumière


Au faisceau de lumière on trouverait sans doute
L'intrigante douceur et les rêves sans fin
L'odeur du souvenir les psaumes en refrain
Les histoires contées à la travée des routes

Au faisceau de lumière on ne distingue rien
Sinon que la clarté qui révèle le sombre
Et les âmes cachées dans le creux de ces ombres
Faunes, diables, démons, damnés et sumériens

Ô faisceau de lumière à toi tout apparaît
Tout se montre ou se cache à l'ombre de ton dais
La beauté cathédrale et la Terre en dessous

Les nuées à venir pèlerins sans le sou
Révèle-nous toujours que si notre cœur bat
C'est pour ce seul instant du Très-Haut ici-bas


lundi 18 novembre 2013

Dies solaris


La rigole ne chante et le chant lui rigole
Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Les nuages passaient sans ouvrir grand leur huis
Si souvent ces jours-ci pourtant Junon fit folle

Dans le calme du soir rien ne respire plus
En contemplant la route éclairée et sans bruit
Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Nulle part sur Rome quelque goutte n'a plu

Tout est doux tout est beau ce ressemble au bonheur
Nulle part sur Rome n'ont sonné les sonneurs
Pour annoncer la pluie dans le ciel et les cœurs

Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Gardez vos corps à nu et couvrez les rancœurs
Sous un ciel monochrome et une nuit de suie


Humeur I


Un deux quatre cinq font six pieds comptez bien
Un nouveau du Bellay révolutionnera
Sur un nouveau rythme qui sait qui ce sera
Un deux trois quatre cinq font six pieds comptez bien


dimanche 17 novembre 2013

Les larmes d'un pianiste


Les larmes d'un pianiste
Valent de l'or dit-on
Cueillies à la paupière à ces cils bien trop tristes
Au coin du triolet au virage du ton

Les larmes musiciennes
Tourbillonnent aux joues
Ainsi que l'on dansait dans les valses de Vienne
Faisant briller la larme ainsi que d'un bijou

Les larmes d'un pianiste
Confondent la sueur
Comme un caillou laissé au cœur de l'améthyste
Qui se trouve éclairé de nouvelles lueurs

Les larmes musiciennes
Fondent sur le piano
Effacent en tombant les notes de l'antienne
Ou rampent sur la main où brille cet anneau

Les larmes d'un pianiste
Naissent sur quelques notes
Sur un Lied de Schubert les harmonies de Liszt
Y trouvant au malheur poison et antidote

Les larmes musiciennes
Sûrement s'évaporent
Dans l'émotion de l'air des nuées italiennes
Nées et mortes ainsi d'un sublime transport



Là où un pianiste rate Chopin et réussit Liszt


J'aurais voulu casser ses doigts sur le perron
Juste avant le concert et me priver ainsi
De Chopin et de Bach-Busoni Debussy
J'aurais voulu briser ses doigts sur le perron

Pour ne garder que Liszt en un pieux souvenir
J'aurais voulu casser les doigts de ce pianiste
J'aurais voulu sauver tout le génie de Liszt
Ne sachant quel blasphème il allait advenir

Coupable de massacre en jeu pianoforte
Sur Chopin l'artiste presque tendait la main
J'aurais voulu les voir las en légèreté

Pour éviter de Liszt un pénible examen
J'aurais voulu pourtant je n'ai rien fait rien eu
Sinon que le bonheur d'écouter Liszt venu


samedi 16 novembre 2013

Les Trompeuses espérances


Pour un ciel plus au Sud bleu à se damner l'âme,
L'heureuse perdition dans la langue inconnue,
L'histoire révolue, l'antique mise à nu
Et pour les filles vues dans le creux de la lame,

On quitterait un monde où s'entrechoqueraient
Colère, ire, courroux, misérable et pitié
Violence en gros titres, l'horreur, inimitié,
Galimatias de pleurs, requiem de Fauré.

En passant les Alpes peut-être pensais-tu
Trouver là l'exotisme à peu de frais bien sûr
"Là-bas est le bonheur" confiant il te l'assure

Alors qu'à l'arrivée, prudence, tu t'es tu.
Le voyage est ainsi trompeuses espérances
Dans les espoirs cachés tout au creux des errances.



vendredi 15 novembre 2013

Mon chant au son de la harpe

à Sœur Nathalie Becquart

Le Grand Compositeur à l'orchestre des anges
Dans les hautes nuées un soir tint ce discours :
" Chers amis j'ai besoin de votre plein concours
Ainsi je veux donner un chant à la mésange

Aux arbres des feuilles pour siffler dans le vent
A la mer des vagues pour les jours de tempêtes
Des jambes aux criquets en guise de trompettes
Et un rire amusé aux dauphins si savants."

Un ange l'arrêta : "Dans votre Création
Que laissez-vous à l'homme, au né de votre flanc,
Le laisserez-vous donc insoucieux sifflant ?"
Alors Dieu réfléchit dans une inspiration

"Donnons-lui une voix et un peu de génie,
Des instruments, du rythme et un soupçon de foi
Alors tourné au ciel ou au moins quelquefois
Il chantera pour moi les belles litanies"


  

jeudi 14 novembre 2013

Ce sont de drôles de types


Et si au lieu que d'or les rêves nous couvraient
De leur ciment de beau et leur drap de douceur
Voyant dans les flammes la danse de rousseur
Et dans le vagabond l'éclatante livrée

Regardant l'arbre vert et son ombre portée
Au carcan ouvragé aux armes de la ville
On verrait l'arbre libre et le carcan servile
A voir l'or à la cime et le tronc argenté

A demeurer ici tandis que l'arbre croît
La sève coule ainsi que le jour y décroît
La négation passée est certes pauvre rime

Certains s'y vautreraient à y trouver un crime
Le poète pourtant y comprend l'équilibre
Qu'appuyé au carcan on les dépasse libres


(crédits photographiques : Ferdinando Scianna, Agence Magnum Photos)

L'Angélus en sonnet


Et la foule fidèle est allongée plus bas
Ce sont à ses millions de grains qu'on reconnaît
Une plage une cloche à midi résonnait
J'imagine un sonneur un battant qui s'abat

La Vierge a enfanté et la stérile autant
Les innocents mourront sous les coups des soldats
Hérode se rêvant dieu finira Midas
Cherchez au Pharaon le repos d'un instant

Nous susurrait tout bas l'Angélus à midi
La grandeur nourrisson l'homme et sa perfidie
Par la voix du Pontife à l'étroite fenêtre

Entonnant au balcon la naissance du Maître
A l'ultime mesure aux Ave angéliques
Je vis la foule et dis comme elle est magnifique



mercredi 13 novembre 2013

Pontifex Maximus


En lointaine rumeur au lointain épicentre
On entend accourir sur l'océan de bras
La lourde litanie de la clameur en raz
Chœur pèlerin chantant cent mille voix de chantres

Successeur de Pierre tenant du bout des lèvres
A l'agape nouvelle un peuple en vague d'hommes
En larmes radieuses badin Capharnaüm
Puisez votre force dans la sublime fièvre

Soulevée ici-bas dans ces cœurs désarmés
D'être dans la candeur d'un pontife charmé
Voguant sur l'océan de ces brumes humaines

A la vigie heureux et l'âme capitaine
Passant dans le chahut le tumulte en tollé
Il passait dans le monde et les cœurs étiolés



13°C


Qui aurait cru qu'un jour dans un refrain d'été
Dans l'atmosphère empli de la lux solaris
Dans la Terre remplie de l'homme et ses caprices
Nous aurions vu l'hiver d'une face hébétée

Prends garde à la saison lutte Septentrion
Change ta veste fine et troque le coton
Pour des rideaux de laine en postiche moutons
Dans l'absence morte des joies de carillons

L'ignorance urbaine les flammèches d'espoir
L'ivresse des matins claires beautés de soir
Le doute citadin et les âmes éparses

Sur tout hémisphère missives de comparses
Laissaient un point d'espace aux restes de l'été
Mais par treize degrés primevère arrêté



lundi 11 novembre 2013

L'Antiphonaire idolâtre


Et puis il s'ouvre écrit sur mille peaux tannées
L'Antiphonaire antique aux notes grégoriennes
Qui dessinent comment sauver l'âme damnée
Horrible et misérable effrayante païenne
Au panthéon rempli de dieux surannés
Réclamant une vierge un enfant une lune
Pourritures des cieux peuplés de maléfices
Acclamé crépuscule à un solstice l'une
L'autre étendu ici quêtant de sacrifice
Avide juge ici couché dans les callunes
Passage à ces hymnes calligraphies de Dieu
Avides juges là tournant les peaux de bêtes
Quelqu'ironie soudaine aurait trouvé l'odieux
Dans le païen inscrit dans ce culte quiet
Battue de Jupiter d'un miséricordieux



samedi 9 novembre 2013

La Nuit blanche


Oh, que faire veiller ou s'allonger sans bruit,
Une sieste au bureau au risque bien trop grand
De ne cueillir ici que le repos en fruit
Plutôt que le savoir, en manque trop flagrant ?

Que faire travailler ou se coucher au lit
Le luxe de deux draps et d'un corps qui s'étend ?
Ce seraient trop d'efforts finis d'amaroli
Pour m'entendre traiter d'élève incompétent

Que faire réviser ou dormir un instant
Fermer les yeux oh juste ôter de ces leçons
Mon regard et cesser ce travail insistant
Qui me fait laborieux et pauvre canasson ?

Que faire encore apprendre ou m'étendre tranquille
Rêvant de vacances, songeant à des congés,
Voyant en mon esprit Guérande et sa presqu'île
Et puis cet océan où s'ébattre et plonger ?

Que faire besogner ou bien assis rêver ?
L'ère des libertés voit s'éteindre son jour
Il faut alors veiller sans être l'endêvé
Et travailler quand même éclairé de l'ajour.

(crédits photos : Chris Steele-Perkins, Magnum Photos)

vendredi 8 novembre 2013

Révisions.


R ébarbatif travail auquel on se contraint,
E t l'on s'y plie si bien à l'angle de l'horloge
B ien que l'on s'imagine à l'ombre de ce train
A ux rails me transportant aux terres sans éloges,
R évisions pénibles sans génie sans fanfare,
B erceau de ma rancœur assassins du repos,
A vous j'offre ces vers en vous rêvant cafards
T apis pathétiques deux fois l'an en troupeau.
I rez-vous déranger quelqu'autre estudiantin
V ous en irez-vous donc dès l'examen fini
E n me laissant en paix pour changer de pantin
S iroter en terrasse un ou deux Martinis.

(crédits photos : Micha Bar Am, Agence Magnum Photos)

jeudi 7 novembre 2013

Les Amoureux en Vespa


Sur un rythme joyeux les cordes qui se frottent
Sur l'air des "Proclaimers" qu'on sifflote en dansant
Sans connaître la valse et les pas du foxtrot
Et n'ayant dans leurs cœurs que leurs cœurs y pensant :

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Se serrant plus encore à s'unir un instant,
A confondre la nuit et le jour qui s'y fond,
Dans le flou de la ville aux contours insistants
En virages hardis les amants penseront

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Les bottines salies, amants virevoltant,
Assise en amazone Iseult qui disparaît,
Veilleur de ce trésor aventureux Tristan,
Je lisais tout en eux deux cœurs qui espéraient

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Où allaient-ils ainsi, vivre de l'interdit
Dans l'herbe des jardins d'un palais malheureux
Ou découvrir ensemble un coin de Lombardie
Rêvant en eux-mêmes, ces géniaux amoureux,

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Je les voyais partir dans leur béguin courtois
Dans une odeur d'huile dans le bruit d'un moteur,
J'aurais voulu conduire et piloter pour toi
Et te faire rêver comme sur ce scooter

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert.



 
(crédits : agence Magnum Photos)

mercredi 6 novembre 2013

Clichés


Basilic en terrasse et librairies antiques
Les Vespas en désordre et le vieux au journal
Le repos artisan les glaces fantastiques
Janicule Monti Trévi et Quirinal

Les femmes apprêtées la soutane cintrée
Les yeux en balade de femmes de façade
Les vins de Sicile maigres cafés serrés
Basiliques sans fin le Bernin en torsade

Les pâtes en pagaille et l'été qui s'attarde
Les cœurs qui se fendent s'écrivent sur les murs
La langue en cantate le pontife et sa garde
Coupoles en dentelle et le Tibre en murmure

La Ville qui s'ennuie dans l'ombre des fenêtres
Le linge qui s'étend les porches qui s'endorment
Le soir qui se dessine en d'indicibles lettres
Rome couche sans bruit sa beauté uniforme



mardi 5 novembre 2013

Hymne poulard.


P our d'aucuns d'aujourd'hui l'allure et la candeur
O nt divorcé comme courtoisie et pudeur.
U n vent souffle pourtant comme un gant sur la joue
L esté d'odeur de pipe, entêtant d'acajou.
A ux amis élégants nous proposons ceci :
R ejoignez notre cercle et contemplez ici
D e quel bois du Brésil se chauffent les poulards
E t sachez qu'à montrer votre sourire hilare
S ur un parquet verni et en robe de chambre
Q uelqu'un de cette troupe en devient vite membre.
U sez de vos charmes, vous gentlemen roublards,
E t devenez un jour représentants poulards



lundi 4 novembre 2013

La Beauté ineffable du sanctuaire


" Temple de bois incorruptible, aux murs odorants, aux portes d'or, aux solives d'asbeste, aux colonnes d'opale, aux parois de cyrnophane"


Liszt dessine en tous ceux dont l'âme n'est pas là
Mais dans le pas de l'herbe et le poids des chevaux
Dans le rond de ce sein et dans les mandalas
Qui dorment en sanskrit au creux du caniveau

La tendresse du temps les jeux de Tivoli
La Villa d'Este en fleur l'enfant qui se réveille
La rondeur de l'amour la blancheur d'un surplis
La tristesse d'un mort l'âme qui s'ensommeille

Ses mains sont affreuses de s'écorcher sur l'art
Et ses traits sont tirés par l'épaisse douleur
Portant cache-misère en cercle de foulards
Le deuil en redingote en l'unique couleur

Son regard pénètre ses yeux sont évadés
Pieux il implore le Christ d'être profane
Il console six fois son âme tailladée
Puis s'en va cajoler quelque beauté diaphane

Son corps famélique n'encombre pas Weimar
Dans le drapé de soie de la cour qui se meurt
Un génie sans le sou poète sans amarre
Y trouve un prophète Wagner en sa primeur

Dans le rond hésitant de ces bémols ces croches
Toute grandeur à nue se laisse découvrir
La Beauté ineffable est celle qui s'approche
Et voit Tannhäuser qui n'en peut plus de mourir

Le chant des pèlerins ne résonne hélas plus
Dans les chemins étroits dans la Ville Eternelle
Les files d'inconnus rumeur sans angélus
Ont ôté à Rome ce chant émotionnel

Pourtant dans ma poitrine il chanterait encore
Si Liszt en mélodie ne prenait mon esprit
Si sa Romanesca n'y trouvait son décor
Si ne tambourinait Liszt en mon cœur épris

M'entendez-vous chantant en Liszt Richard Wagner
Contempler ici-bas la beauté ineffable
Du sanctuaire en note aux drames millénaires
Contant miséricorde et maux abominables



dimanche 3 novembre 2013

La rigueur teutonne à l'épreuve romaine.


Elle éructe et se plaint et s'effraye de l'attente
Dans la langue de Goethe, à ça rien d'étonnant
Puisque les Allemands la trouvent irritante,
Cette attente sans fin de bus peu prévenants.

Sans cliché insistant les Germains affolés
Dans les transports romains paniquent sans rigueur,
Ils tournebillonnent, ces prussiens feux-follets,
Avec force courage et zèle de vigueur.

Perdus sans aucun cadre et perdus sans horaires,
Ces pauvres Allemands inspiraient la pitié :
Ainsi que de changer la vie d'un numéraire,
L'Italie affligeait ces voyageurs châtiés.

Enfin le bébé pleure et la mère console
Tout le groupe impatient trépigne en allemand
Ils enragent, voudraient, plutôt que camisole,
Savoir qu'attendre et quand, le savoir seulement.

A l'arrivée du bus comme des naufragés
Ils dansaient en levant leurs bras tendus aux cieux,
Il en était fini des mines enragées,
Bonheur pour ces dames, fierté pour ces messieurs.

Alors victorieux, les Allemands heureux
Entrèrent dans le bus, bien qu'encore perdus,
Chacun se promettant au fond d'un cœur peureux
De reprendre son calme une fois descendu.

Je ne saurai jamais comment cela finit,
Où allaient ces Teutons, s'ils changeraient un jour
Mais je me dis que s'ils peuvent dire "Veni",
Pour prononcer "Vinci"  ceux-ci courent toujours !