vendredi 20 décembre 2013

Les parisiens.

La rhubarbe en tarte les poulets en broche
Et Haussmann se rappelle à nous en hautes pierres
Les accents ricochent sur les sous-bocks de bière
Les phrases empruntent variations en croche

Les sourires discrets certainement se cachent
Ailleurs qu'aux visages apprêtés et brillants
Au chic sans suranné aux yeux sémillants
Chacun est un radeau filant port sans attache

Les odeurs de parfum, les parfums poussiéreux :
Suis-je le seul à voir le charme rond d'en ville
Malgré l'autochtone tout en gestes nareux ?

Arrivé à Paris on trouverait servile
La déférence vive à l'Eiffel arrogante
De pouvoir être idiote en étant élégante

mercredi 11 décembre 2013

Neige.

Ce poème ne saurait être réaliste aujourd'hui
quand le thermomètre affiche fièrement deux chiffres

La neige a du beau dans ses couleurs
Dans l'éclat de son charme au matin
Lorsque même l'écorce châtain
Sait l'obscur encore et ses douleurs

Et alors des millions de myriades
De cristaux d'étoiles chues du ciel
De briller du sol ou torrentielles
Sont auprès nous lascives naïades

Givrées de mille feux ici bas
Elles étaient belles calmes vives
Sans lieu où aller elles ravivent
Mon cœur sitôt langui des débats

Des flocons de neige frissonnant
J'invitais ces pauvrets sous mon toit
Près le feu plutôt qu'orée du bois
L'un me suivit puis deux tâtonnant

Puis ce sont tous les fils de Chioné
Qui me suivent mais sitôt la porte
Franchie je ne sais qui les emporte
Mais au feu ces flocons s'éloignaient


samedi 7 décembre 2013

L'Examen à minuit

" Je n'ai pas très envie de rentrer dans la vie, Paris me fait peur.
Vous me trouvez lâche ? "


On ne hume plus l'air en sortant des églises
On ne voit plus grandir la grande inspiration
En regardant courir les couples en passion
On ne sent plus les rues en riant de la brise

Puis on ne compte plus les mois qu'on a passés
A frotter les pavés des pieds s'en ébaubir
Ainsi que du Pontife et ses millions de sbires
Puis on voit l'Eternelle comme une trépassée

Sans la réelle envie d'en cueillir le parfum
D'en aimer la présence aux levers de la lune
On penserait alors qu'au soleil des lagunes

On trouverait dormant l'ivre bonheur sans fin
Et lorsqu'on rêve ainsi aux chanteurs lendemains
C'est que sonne minuit aux journées d'examen


vendredi 6 décembre 2013

Les Amants du Pincio

"Tu verras: la vie est un conte de fées, les amants sont immortels"


Sans que je sache en fait à qui appartenaient
Les baisers aperçus d'eux à califourchons
Etaient-ils deux amants errant sans baluchons
Arrêtés un instant au fossé de genêts

Avait-elle trouvé une mère invective
Dedans le vestibule aux odeurs de dimanche
Les avants-bras couverts d'huile et de garde-manches
A la grande entrevue la première et hâtive

Sans que je sache en fait si même en leurs bottines
Ils exhalaient l'amour ainsi qu'en un regard
Hélas un au revoir les délaissait hagards

Lui roulant du Pincio à la porte Argentine
Elle marchant altière aux lèvres la chanson
La chanson philistine au banquet de Samson

(crédits photos: Ferdinando Scianna, Agence photos Magnum)

jeudi 5 décembre 2013

Jeune chanson du vieux temps

Libre pastiche postiche de Victor Hugo

Je ne songeais pas à Rome,
Rome un jour vint avec moi,
Nous parlions de quelqu'arôme,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres,
Qu'on voyait à pas distraits,
Je passais dans les vie, les arbres
Son œil semblait dire: " Après ? "

Et l'automne offrait ses larmes,
La rue mille bouffées d'air ;
J'allais, j'écoutais les carmes,
Et Rome les millénaires.

Moi, vingt ans, et sans maelström,
Elle, trop; ses toits brillaient.
Les rossignols chantaient Rome
Et les merles me sifflaient.

Rome, droite sur ses ans,
Leva son beau bras tendu
Pour revoir César amant
Et les dîners étendus.

Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les restes de la crue,
Et la nature amoureuse
Dormait dans les quais les rues.

Rome défit sa sandale,
Et mit, d'un air ingénu,
Son destin dans le scandale
Je ne vis pas qu'elle chut.

Je ne savais que lui dire,
Je la suivais dans les rues,
La voyant parfois sourire
D'ainsi être parcourue.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'au Panthéon en détour.
« Soit ; n'y pensons plus ! » dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.

Avent II

Et tout brille et clignote ainsi qu'en la tempête
Le feu nourri du phare aiguillant l'imprudent
Dans la nuit calme alors que mille cris stridents
Font crisser les voiles effroyables trompettes.

La toute ville éclaire en autant de lanternes
L'obscurité tranchant le jour décrépitant.
Ainsi le Romain dit " je suis maître du temps
Je vois se découvrir les sombres coins de terne ! "

Lumières enflammées enchaînant les cyprès,
Vous régnez sur la ville en Néron revenu
Souffler dans les branches tant et si bien si près

Qu'on croirait le Veau d'Or à Rome parvenu.
Voyez ces étoiles pourtant comme un hommage
Aux frères d'Orient parentèles des mages

mercredi 4 décembre 2013

Grands desseins grande vie

Les rêves contenus on songe à la leçon
Non aux mots évadés des bouches professeurs
A leur biguine écrite ainsi que des danseurs
Sur les feuilles d'un trait de plume de pinson

Et l'on préférera les desseins plus avant
Appris quand à l'enfance on va aux galeries
Des poésies contées et qu'on y voit ravi
Chasseurs, rois, flibustiers, belles au paravent

On a voulu longtemps des tours en berlingot
Des châteaux de cartes des palais rutilants
Des îles désertes de vair ou de lingot

Des terres survolées en nuées de milans
Puis nous voilà ainsi le collège à l'envi
Et je pense à ces mots grands desseins grande vie

(crédits photo : Wayne Miller)

mardi 3 décembre 2013

Humeurs III

Pourquoi diable Pie V aurait-il ordonné
A tout servant d'autel de parler de la sorte
Ainsi qu'une tornade en mots pieux les emporte ?
Parlez vite et c'est Dieu que vous abandonnez !


lundi 2 décembre 2013

L'Aubergiste

" Il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie"
(Lc, 2, 8)

Qui frappe comme ça qui tambourine ainsi
Les gonds tanguent déjà ah si je les attrape
Je vous promets j'aurai la peau de ces satrapes
Qui verront de quel bois sec je me chauffe ici

Qui frappe comme ça qui me dérange ainsi
Cet homme aux traits tirés a les pieds poussiéreux
Certes je ne suis pas aubergiste véreux
Mais ce penaud n'a rien sinon du pain rassi

Qui frappe comme ça qui m’embarrasse ainsi
Lorsqu'on porte un enfant madame on ne voyage
Qu'est-ce donc que ce risque un fol enfantillage
Même moi sans enfant fatigue à l'âne assis

Qui frappe comme ça qui me perturbe ainsi
Mignonne au ventre rond que m'importent tes larmes
Tant qu'elles n'éveillent telles la nuit l'alarme
Mes clients endormis en le soir obscurci

Qui frappe comme ça qui m'incommode ainsi
Voilà un âne brait enfin faites-le taire
Je n'ai pour vous coucher pas même un coin de terre
Pas même un bout de pain vieilli passé durci

Qui frappe comme ça qui m'importune ainsi
Maintenant toi la mère et toi le charpentier
Mon hôtel est comblé de clients tout entier
Alors partez passez par delà le glacis

Qui frappe comme ça et qui m'encombre ainsi
Sont-ce des manières je n'ouvre pas ma porte
Si ce n'est sous les coups de la plus grande escorte
Ou pour laisser entrer sous mon toit le Messie


Avent I


Dans l'affreuse étable sans lune et sans lumière
Au sol s'éparpillaient les épis maculés
Entre poussière boue purin coagulés
Sans tulipe ni lys ni pensées ni bruyère

Là y hurlaient un âne et un bœuf laissés là
Dans le froid de l'hiver pauvres bêtes de somme
Vous beugliez trop bien aux oreilles d'un homme
Alors pour la nuit vous laissa le fellah

Il y avait aussi le bois qui y grinçait
Les chevilles cassées la mangeoire boiteuse
Les parois qui pleuraient et l'allure piteuse

Une pluie et du vent ici se déversaient
En arrivant Joseph t'es-tu dit Nous ferons
Naître l'Emmanuel en ce lieu laideron




samedi 30 novembre 2013

Blesse-t-on un héros en en lisant l'histoire


Distinguez-vous le chant dans les rêveries lues
Dans les saillies tracées les pages parcourues
Dans l'histoire d'amour à la coquecigrue
Distinguez-vous l'ode dans les mots émoulus

Chantez-vous tristement quand y meurt l'amoureux
Caressant une joue après les élégies
Comptez-vous les baisers ainsi qu'à la vigie
Ce marin y voyait des continents heureux

Dites-moi si enfin c'est une partition
De lire en des lettres la triste cantilène
D'entendre à travers livre une déclamation

Ne serait-ce plutôt cent coups de rivelaines
Au héros en transports en larmes au boudoir
Blesse-t-on un héros en en lisant l'histoire


(crédits photos: Abbas, Magnum Photos)

jeudi 28 novembre 2013

Un Phœnix au lumen


Dans les ruines du soir j'amasserai demain
Ce que le satellite aura semé la nuit
De poète et de froid et de calme et de bruit
Sur les arbres les bus et au creux des chemins

Dans le silence plat qu'on veut tant qu'on le fuit
On entendrait sans voir la neige s'écrouler
Mais ce n'est que la brume et le gel en coulée
Qui règnent aux allées dans Rome à la minuit

Trouverais-tu sans doute une fiole de charme
Dans les lèvres gelées et le givre au matin
Dans l'esclave de maître en sortie du mâtin

Dans les rues désertées par l'ivrogne vacarme
Mais à potron-minet l'homme qui se promène
N'est que fêtard poète un phœnix au lumen


mercredi 27 novembre 2013

Humeurs II

Je n'irai plus aux collections
Contempler des podiums couverts
Quand les parcs sont perdus de vert
Et le printemps en défection

L'hiver est là sur les marchés
On vend bonnets écharpes gants
Collants et manteaux élégants
Mais il est trop froid d'y marcher

Nombreux sont ceux qui disent à mon sujet


Je suis sacristain de mon âme
Peignant sans fin les soutanelles
Je suis à la tour sentinelle
Voyant au loin d'ici la flamme

Eclairait un large horizon
Mettant ses espoirs en des plumes
A la verte iris qui s'allume
Au chant d'un sauvage bison

Je suis le chasseur à perdrix
Je suis ce pèlerin usé
Qui se rit de se reposer

J'entendrai le chant dans les cris
Je verrai crouler l'hymne immense
Avant la fin de l'espérance

mardi 26 novembre 2013

Marauds napolitains


Et alors on se rêve en pêcheur de la voûte
Prenant entre ses rets tant de poissons volants
Qu'à l'hiver on croirait à un vol de milans
Rêvant de sa parure en un sud envoûté

Bercé par la comptine entendue plus en bas
Aux paroles versées sur le charbon les rails
Bercé des mélopées du cœur dans le poitrail
On s'avance joyeux des rêves au cabas

Dans la nuit sans recours qui finit au matin
On garde le mystère ainsi que la fortune
En gardant la cité dans le calme satin

En priant le silence aux heures importunes
Or voyez-vous on trouve après le Palatin
Des mains maraudeuses aux heures opportunes


lundi 25 novembre 2013

Les Poètes I


A voir passer le ciel plus bleu qu'il ne se montre
Et à considérer les foyers de la nuit
Oisifs à chaque instant sur les bancs de l'ennui
Ils font en lumière les plus belles rencontres

Perdus dans les nuées ne cherchant pas de carte
Ils sont ces endormis qui regardent les toits
Aperçoivent l'envol des nuages pantois
Et verraient dans leur pluie le crachat des jubartes

Ils rêvent à en vivre au dos des acrostiches
A grimper les sommets des rimes embrassées
Ils y voient les baisers des cœurs qu'ils ont froissés
Et meurent de souffrir de celle qui s'entiche

Ecoute la complainte entière de sanglots
L'éclat de leur sourire est bruyant sur la ville
A leur joie terne et hâve ils y seraient serviles
S'ils ne voyaient au ciel mille chœurs d'angelots

Leur chantant dans un cri que le ciel est à eux
Ils dispersent Michel et tous les séraphins
Disant les poètes sont de Dieu affins
Regardant Gabriel de leurs plumes en feu

Caracolent aux cieux les nouvelles raisons
Dans le soupçon de beau qu'ils gardent en rêvant
Les poètes montent dans la forêt des vents
Pour rapporter au Haut les éclats des saisons

Ils peignaient l'Empyrée de couleurs et d'azur
Sur un échafaudage en mots aux coloris
Nombreux ainsi qu'on voit l'infini des scories
Je vis là un poète écrire sa lasure

Ami ne reste pas sous le dôme aux apprêts
Les poètes œuvrent à sa coupole éteinte
En y peignant en vers le calme des étreintes
Restent perchés aux cieux afin d'en être emprès

Le poète est comme le chuchote l'éther
Jeté dans l'ouragan ainsi qu'un bateau ivre
Sans bouée ni roulis aucune vague à suivre
Il passe sans ciller l'âme satellitaire

Vieillard


Il a deux journaux sous le bras
Et la vieillesse en bandoulière
Qui l'enserre comme le lierre
Qu'on trouve aux maisons débarras

Il a le visage grêlé
Comme le temps ronge un plafond
Alors les poutres se défont
Et s'écroulent aux nuits gelées

Il a aussi à chaque oreille
Tant de plastique et tant de fer
Deux parasites sonofères
Y pendent en curieuses treilles

Il a les gestes maladroits
De cet enfant qui réapprend
A avoir le bras conquérant
A l'exercer en bel arroi

Il a son cœur qui bat trop fort
Et s'essouffle lorsqu'il se meut
Comme à vingt ans l'homme s'émeut
D'avoir l'amour en réconfort

Il a dit-on aussi le ciel
Qui dormirait souvent en rêve
Lorsque ses nuits même si brèves
Dorment au creux de l'essentiel

Il a les voyages amants
Qu'il passe debout dans le bus
Ignorant mon mauvais phébus
Portant la vieillesse en diamant

Et si


Et si le Mont Vésuve entrait en éruption
Verrais-tu le ciel gris comme une nappe en cendres
Les regardant tomber, les regarder descendre
Les laissant dans ta gorge entrer en irruption ?

Que ferais-tu alors courrais-tu en tout sens
Pour mourir effondrée sous le vieux péristyle
Brisée comme une fleur voit brisé son pistile
Ou attendrais-tu là ta seconde naissance ?

Dans le grand brouhaha de lave et des scories
Redirais-tu l'amour dedans un hurlement
A travers l'atrium aux amis survivants

Pleurant déjà les morts aux plages de Capri
Aux cent petits bonheurs aux mille déceptions
Et si le Mont Vésuve entrait en éruption ?

vendredi 22 novembre 2013

Une mendiante


Les platanes aussi se colorent l'hiver
A la morte saison en nuance de brun
Dans les branches brisées les feuilles en écrin
Gardent encor l'été en nuance de vert

En contemplant ravi les arbres en palette
Je voyais en leur tronc la vieillesse du bois
J'entendais à leurs pieds comme un chien qui aboie
Une vieille était là beuglant une piécette

Que pouvais-je lui dire à cette pauvre femme
Si seul'ment tu savais la taille de mon âme
Dans ses yeux avinés et sa face rougie

Le cheveu qui s'effondre et les larmes de mort
A l'ombre du platane ai-je quelques remords
De regarder sans voir la mendiante ici gît

Au Chant des Pèlerins

" Salut à vous, ô beau ciel! ô patrie !
Salut, forêts! Salut, verte prairie !
Fidèle au vœu de pèlerin,
Je puis quitter le bâton du chemin ! "

N'en dirais-je jamais assez sur la complainte
Joyeuse et sublime du Chant des Pèlerins
Il y a plus de grandiose dans un de ses refrains
Que dans quelqu'autre hymne dit sur quelque défunte

Alors que Tannhäuser souffrit qu'au Vatican
Le souverain pontife ait tué son salut
Sans aucune pitié quand il aurait fallu
Accorder son pardon au vivant pratiquant

Alors que Tannhäuser souffrit vous répétè-je
Du successeur de Pierre ainsi nous écoutions
Le prodige accourir en grande orchestration

La plus grande ironie ainsi que l'entendai-je
Est qu'au soir résonna dedans Saint-Pierre-aux-Liens
Le cri contre Pierre du génie wagnérien


jeudi 21 novembre 2013

C'est chouette, non ?

Librement inspiré de "T'es chouette" de Léo Ferré

C'est chouette
Le froid qui fait serrer les dents
Et des flocons tant de diamants

C'est chouette
Tous ces Romains emmitouflés
Comme si l'été s'en allait

C'est chouette
Les corps qui fument ceux qui gèlent
Les doigts blanchis et ceux qui pèlent

C'est chouette
Les nuits tombées sans qu'on les voie
Les rhumes qui rayent les voix

C'est chouette
De vivre l'hiver sans routine
Bonnets gants écharpes bottines

C'est chouette
D'avoir tous les doigts emmêlés
Et de voir le froid s'en mêler

C'est chouette
Sur les arbres l'on voit encore
Les feuilles chevillées au corps

C'est chouette
L'ombre qui passe et aperçoit
Les reflets d'eau couleur de soie

C'est chouette
Les palais qui brillent le soir
Et les musées en déversoir

C'est chouette
L'accordéon se paye ma tête
Quand je lui siffle ma trompette

C'est chouette
D'avoir les manches relevées
Avant la grippe à son chevet

C'est chouette
Un garçon séduit une femme
Dans un sourire offre son âme

C'est chouette
Personne n'écoute un violon
Qui gratte l'archer tout son long

C'est chouette
Lorgnons de soleil il en reste
Même s'il s'est caché à l'ouest

C'est chouette
Quelque part dorment les guirlandes
Un soir jaillissent puis se pendent

C'est chouette
La neige meurt sur le pavé
Le gris tapisse les travées

C'est chouette
D'écrire en un carnet petit
Le bruit puissant des noquetis

C'est chouette
C'est chouette mais déjà le temps
Fait se rasseoir les capitans

mercredi 20 novembre 2013

Prévisions


Stendhal écrit un soir qu'après deux mois ici
Dans la Ville Éternelle il devient important
Pour en fuir une ivresse, en être bien portant
De la quitter un temps, quatre cinq jours ou six

Me voilà maintenant parvenu à cette heure
Avec l'envie d'aller par delà Muraille
Aurélienne où l'on trouve étangs Naples sérails
École de Capoue et tranchants de licteurs

Poudre d'escampette jetée au bas-côté
Feras-tu croître un soir voies de chemin de fer
Brèches boyaux allées routes qu'il reste à faire

Vois briller le voyage à l'instant tressauté
Surpris de cent détours en l'Italie campagne
De faire de Naples sa dernière compagne

(En réalité il s'agit d'une photo d'Orvieto mais les prévisions de ce week-end portent sur Naples)

mardi 19 novembre 2013

Au faisceau de lumière


Au faisceau de lumière on trouverait sans doute
L'intrigante douceur et les rêves sans fin
L'odeur du souvenir les psaumes en refrain
Les histoires contées à la travée des routes

Au faisceau de lumière on ne distingue rien
Sinon que la clarté qui révèle le sombre
Et les âmes cachées dans le creux de ces ombres
Faunes, diables, démons, damnés et sumériens

Ô faisceau de lumière à toi tout apparaît
Tout se montre ou se cache à l'ombre de ton dais
La beauté cathédrale et la Terre en dessous

Les nuées à venir pèlerins sans le sou
Révèle-nous toujours que si notre cœur bat
C'est pour ce seul instant du Très-Haut ici-bas


lundi 18 novembre 2013

Dies solaris


La rigole ne chante et le chant lui rigole
Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Les nuages passaient sans ouvrir grand leur huis
Si souvent ces jours-ci pourtant Junon fit folle

Dans le calme du soir rien ne respire plus
En contemplant la route éclairée et sans bruit
Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Nulle part sur Rome quelque goutte n'a plu

Tout est doux tout est beau ce ressemble au bonheur
Nulle part sur Rome n'ont sonné les sonneurs
Pour annoncer la pluie dans le ciel et les cœurs

Ah ah! la pluie n'est pas retombée aujourd'hui
Gardez vos corps à nu et couvrez les rancœurs
Sous un ciel monochrome et une nuit de suie


Humeur I


Un deux quatre cinq font six pieds comptez bien
Un nouveau du Bellay révolutionnera
Sur un nouveau rythme qui sait qui ce sera
Un deux trois quatre cinq font six pieds comptez bien


dimanche 17 novembre 2013

Les larmes d'un pianiste


Les larmes d'un pianiste
Valent de l'or dit-on
Cueillies à la paupière à ces cils bien trop tristes
Au coin du triolet au virage du ton

Les larmes musiciennes
Tourbillonnent aux joues
Ainsi que l'on dansait dans les valses de Vienne
Faisant briller la larme ainsi que d'un bijou

Les larmes d'un pianiste
Confondent la sueur
Comme un caillou laissé au cœur de l'améthyste
Qui se trouve éclairé de nouvelles lueurs

Les larmes musiciennes
Fondent sur le piano
Effacent en tombant les notes de l'antienne
Ou rampent sur la main où brille cet anneau

Les larmes d'un pianiste
Naissent sur quelques notes
Sur un Lied de Schubert les harmonies de Liszt
Y trouvant au malheur poison et antidote

Les larmes musiciennes
Sûrement s'évaporent
Dans l'émotion de l'air des nuées italiennes
Nées et mortes ainsi d'un sublime transport



Là où un pianiste rate Chopin et réussit Liszt


J'aurais voulu casser ses doigts sur le perron
Juste avant le concert et me priver ainsi
De Chopin et de Bach-Busoni Debussy
J'aurais voulu briser ses doigts sur le perron

Pour ne garder que Liszt en un pieux souvenir
J'aurais voulu casser les doigts de ce pianiste
J'aurais voulu sauver tout le génie de Liszt
Ne sachant quel blasphème il allait advenir

Coupable de massacre en jeu pianoforte
Sur Chopin l'artiste presque tendait la main
J'aurais voulu les voir las en légèreté

Pour éviter de Liszt un pénible examen
J'aurais voulu pourtant je n'ai rien fait rien eu
Sinon que le bonheur d'écouter Liszt venu


samedi 16 novembre 2013

Les Trompeuses espérances


Pour un ciel plus au Sud bleu à se damner l'âme,
L'heureuse perdition dans la langue inconnue,
L'histoire révolue, l'antique mise à nu
Et pour les filles vues dans le creux de la lame,

On quitterait un monde où s'entrechoqueraient
Colère, ire, courroux, misérable et pitié
Violence en gros titres, l'horreur, inimitié,
Galimatias de pleurs, requiem de Fauré.

En passant les Alpes peut-être pensais-tu
Trouver là l'exotisme à peu de frais bien sûr
"Là-bas est le bonheur" confiant il te l'assure

Alors qu'à l'arrivée, prudence, tu t'es tu.
Le voyage est ainsi trompeuses espérances
Dans les espoirs cachés tout au creux des errances.



vendredi 15 novembre 2013

Mon chant au son de la harpe

à Sœur Nathalie Becquart

Le Grand Compositeur à l'orchestre des anges
Dans les hautes nuées un soir tint ce discours :
" Chers amis j'ai besoin de votre plein concours
Ainsi je veux donner un chant à la mésange

Aux arbres des feuilles pour siffler dans le vent
A la mer des vagues pour les jours de tempêtes
Des jambes aux criquets en guise de trompettes
Et un rire amusé aux dauphins si savants."

Un ange l'arrêta : "Dans votre Création
Que laissez-vous à l'homme, au né de votre flanc,
Le laisserez-vous donc insoucieux sifflant ?"
Alors Dieu réfléchit dans une inspiration

"Donnons-lui une voix et un peu de génie,
Des instruments, du rythme et un soupçon de foi
Alors tourné au ciel ou au moins quelquefois
Il chantera pour moi les belles litanies"


  

jeudi 14 novembre 2013

Ce sont de drôles de types


Et si au lieu que d'or les rêves nous couvraient
De leur ciment de beau et leur drap de douceur
Voyant dans les flammes la danse de rousseur
Et dans le vagabond l'éclatante livrée

Regardant l'arbre vert et son ombre portée
Au carcan ouvragé aux armes de la ville
On verrait l'arbre libre et le carcan servile
A voir l'or à la cime et le tronc argenté

A demeurer ici tandis que l'arbre croît
La sève coule ainsi que le jour y décroît
La négation passée est certes pauvre rime

Certains s'y vautreraient à y trouver un crime
Le poète pourtant y comprend l'équilibre
Qu'appuyé au carcan on les dépasse libres


(crédits photographiques : Ferdinando Scianna, Agence Magnum Photos)

L'Angélus en sonnet


Et la foule fidèle est allongée plus bas
Ce sont à ses millions de grains qu'on reconnaît
Une plage une cloche à midi résonnait
J'imagine un sonneur un battant qui s'abat

La Vierge a enfanté et la stérile autant
Les innocents mourront sous les coups des soldats
Hérode se rêvant dieu finira Midas
Cherchez au Pharaon le repos d'un instant

Nous susurrait tout bas l'Angélus à midi
La grandeur nourrisson l'homme et sa perfidie
Par la voix du Pontife à l'étroite fenêtre

Entonnant au balcon la naissance du Maître
A l'ultime mesure aux Ave angéliques
Je vis la foule et dis comme elle est magnifique



mercredi 13 novembre 2013

Pontifex Maximus


En lointaine rumeur au lointain épicentre
On entend accourir sur l'océan de bras
La lourde litanie de la clameur en raz
Chœur pèlerin chantant cent mille voix de chantres

Successeur de Pierre tenant du bout des lèvres
A l'agape nouvelle un peuple en vague d'hommes
En larmes radieuses badin Capharnaüm
Puisez votre force dans la sublime fièvre

Soulevée ici-bas dans ces cœurs désarmés
D'être dans la candeur d'un pontife charmé
Voguant sur l'océan de ces brumes humaines

A la vigie heureux et l'âme capitaine
Passant dans le chahut le tumulte en tollé
Il passait dans le monde et les cœurs étiolés



13°C


Qui aurait cru qu'un jour dans un refrain d'été
Dans l'atmosphère empli de la lux solaris
Dans la Terre remplie de l'homme et ses caprices
Nous aurions vu l'hiver d'une face hébétée

Prends garde à la saison lutte Septentrion
Change ta veste fine et troque le coton
Pour des rideaux de laine en postiche moutons
Dans l'absence morte des joies de carillons

L'ignorance urbaine les flammèches d'espoir
L'ivresse des matins claires beautés de soir
Le doute citadin et les âmes éparses

Sur tout hémisphère missives de comparses
Laissaient un point d'espace aux restes de l'été
Mais par treize degrés primevère arrêté



lundi 11 novembre 2013

L'Antiphonaire idolâtre


Et puis il s'ouvre écrit sur mille peaux tannées
L'Antiphonaire antique aux notes grégoriennes
Qui dessinent comment sauver l'âme damnée
Horrible et misérable effrayante païenne
Au panthéon rempli de dieux surannés
Réclamant une vierge un enfant une lune
Pourritures des cieux peuplés de maléfices
Acclamé crépuscule à un solstice l'une
L'autre étendu ici quêtant de sacrifice
Avide juge ici couché dans les callunes
Passage à ces hymnes calligraphies de Dieu
Avides juges là tournant les peaux de bêtes
Quelqu'ironie soudaine aurait trouvé l'odieux
Dans le païen inscrit dans ce culte quiet
Battue de Jupiter d'un miséricordieux



samedi 9 novembre 2013

La Nuit blanche


Oh, que faire veiller ou s'allonger sans bruit,
Une sieste au bureau au risque bien trop grand
De ne cueillir ici que le repos en fruit
Plutôt que le savoir, en manque trop flagrant ?

Que faire travailler ou se coucher au lit
Le luxe de deux draps et d'un corps qui s'étend ?
Ce seraient trop d'efforts finis d'amaroli
Pour m'entendre traiter d'élève incompétent

Que faire réviser ou dormir un instant
Fermer les yeux oh juste ôter de ces leçons
Mon regard et cesser ce travail insistant
Qui me fait laborieux et pauvre canasson ?

Que faire encore apprendre ou m'étendre tranquille
Rêvant de vacances, songeant à des congés,
Voyant en mon esprit Guérande et sa presqu'île
Et puis cet océan où s'ébattre et plonger ?

Que faire besogner ou bien assis rêver ?
L'ère des libertés voit s'éteindre son jour
Il faut alors veiller sans être l'endêvé
Et travailler quand même éclairé de l'ajour.

(crédits photos : Chris Steele-Perkins, Magnum Photos)

vendredi 8 novembre 2013

Révisions.


R ébarbatif travail auquel on se contraint,
E t l'on s'y plie si bien à l'angle de l'horloge
B ien que l'on s'imagine à l'ombre de ce train
A ux rails me transportant aux terres sans éloges,
R évisions pénibles sans génie sans fanfare,
B erceau de ma rancœur assassins du repos,
A vous j'offre ces vers en vous rêvant cafards
T apis pathétiques deux fois l'an en troupeau.
I rez-vous déranger quelqu'autre estudiantin
V ous en irez-vous donc dès l'examen fini
E n me laissant en paix pour changer de pantin
S iroter en terrasse un ou deux Martinis.

(crédits photos : Micha Bar Am, Agence Magnum Photos)

jeudi 7 novembre 2013

Les Amoureux en Vespa


Sur un rythme joyeux les cordes qui se frottent
Sur l'air des "Proclaimers" qu'on sifflote en dansant
Sans connaître la valse et les pas du foxtrot
Et n'ayant dans leurs cœurs que leurs cœurs y pensant :

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Se serrant plus encore à s'unir un instant,
A confondre la nuit et le jour qui s'y fond,
Dans le flou de la ville aux contours insistants
En virages hardis les amants penseront

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Les bottines salies, amants virevoltant,
Assise en amazone Iseult qui disparaît,
Veilleur de ce trésor aventureux Tristan,
Je lisais tout en eux deux cœurs qui espéraient

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Où allaient-ils ainsi, vivre de l'interdit
Dans l'herbe des jardins d'un palais malheureux
Ou découvrir ensemble un coin de Lombardie
Rêvant en eux-mêmes, ces géniaux amoureux,

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert

Je les voyais partir dans leur béguin courtois
Dans une odeur d'huile dans le bruit d'un moteur,
J'aurais voulu conduire et piloter pour toi
Et te faire rêver comme sur ce scooter

A l'euphorie d'ici, à la félicité,
Au bonheur de l'instant, aux nuances de vert
Des platanes aux quais et à d'autres beautés,
Comme l'exhalaison du printemps recouvert.



 
(crédits : agence Magnum Photos)

mercredi 6 novembre 2013

Clichés


Basilic en terrasse et librairies antiques
Les Vespas en désordre et le vieux au journal
Le repos artisan les glaces fantastiques
Janicule Monti Trévi et Quirinal

Les femmes apprêtées la soutane cintrée
Les yeux en balade de femmes de façade
Les vins de Sicile maigres cafés serrés
Basiliques sans fin le Bernin en torsade

Les pâtes en pagaille et l'été qui s'attarde
Les cœurs qui se fendent s'écrivent sur les murs
La langue en cantate le pontife et sa garde
Coupoles en dentelle et le Tibre en murmure

La Ville qui s'ennuie dans l'ombre des fenêtres
Le linge qui s'étend les porches qui s'endorment
Le soir qui se dessine en d'indicibles lettres
Rome couche sans bruit sa beauté uniforme



mardi 5 novembre 2013

Hymne poulard.


P our d'aucuns d'aujourd'hui l'allure et la candeur
O nt divorcé comme courtoisie et pudeur.
U n vent souffle pourtant comme un gant sur la joue
L esté d'odeur de pipe, entêtant d'acajou.
A ux amis élégants nous proposons ceci :
R ejoignez notre cercle et contemplez ici
D e quel bois du Brésil se chauffent les poulards
E t sachez qu'à montrer votre sourire hilare
S ur un parquet verni et en robe de chambre
Q uelqu'un de cette troupe en devient vite membre.
U sez de vos charmes, vous gentlemen roublards,
E t devenez un jour représentants poulards



lundi 4 novembre 2013

La Beauté ineffable du sanctuaire


" Temple de bois incorruptible, aux murs odorants, aux portes d'or, aux solives d'asbeste, aux colonnes d'opale, aux parois de cyrnophane"


Liszt dessine en tous ceux dont l'âme n'est pas là
Mais dans le pas de l'herbe et le poids des chevaux
Dans le rond de ce sein et dans les mandalas
Qui dorment en sanskrit au creux du caniveau

La tendresse du temps les jeux de Tivoli
La Villa d'Este en fleur l'enfant qui se réveille
La rondeur de l'amour la blancheur d'un surplis
La tristesse d'un mort l'âme qui s'ensommeille

Ses mains sont affreuses de s'écorcher sur l'art
Et ses traits sont tirés par l'épaisse douleur
Portant cache-misère en cercle de foulards
Le deuil en redingote en l'unique couleur

Son regard pénètre ses yeux sont évadés
Pieux il implore le Christ d'être profane
Il console six fois son âme tailladée
Puis s'en va cajoler quelque beauté diaphane

Son corps famélique n'encombre pas Weimar
Dans le drapé de soie de la cour qui se meurt
Un génie sans le sou poète sans amarre
Y trouve un prophète Wagner en sa primeur

Dans le rond hésitant de ces bémols ces croches
Toute grandeur à nue se laisse découvrir
La Beauté ineffable est celle qui s'approche
Et voit Tannhäuser qui n'en peut plus de mourir

Le chant des pèlerins ne résonne hélas plus
Dans les chemins étroits dans la Ville Eternelle
Les files d'inconnus rumeur sans angélus
Ont ôté à Rome ce chant émotionnel

Pourtant dans ma poitrine il chanterait encore
Si Liszt en mélodie ne prenait mon esprit
Si sa Romanesca n'y trouvait son décor
Si ne tambourinait Liszt en mon cœur épris

M'entendez-vous chantant en Liszt Richard Wagner
Contempler ici-bas la beauté ineffable
Du sanctuaire en note aux drames millénaires
Contant miséricorde et maux abominables



dimanche 3 novembre 2013

La rigueur teutonne à l'épreuve romaine.


Elle éructe et se plaint et s'effraye de l'attente
Dans la langue de Goethe, à ça rien d'étonnant
Puisque les Allemands la trouvent irritante,
Cette attente sans fin de bus peu prévenants.

Sans cliché insistant les Germains affolés
Dans les transports romains paniquent sans rigueur,
Ils tournebillonnent, ces prussiens feux-follets,
Avec force courage et zèle de vigueur.

Perdus sans aucun cadre et perdus sans horaires,
Ces pauvres Allemands inspiraient la pitié :
Ainsi que de changer la vie d'un numéraire,
L'Italie affligeait ces voyageurs châtiés.

Enfin le bébé pleure et la mère console
Tout le groupe impatient trépigne en allemand
Ils enragent, voudraient, plutôt que camisole,
Savoir qu'attendre et quand, le savoir seulement.

A l'arrivée du bus comme des naufragés
Ils dansaient en levant leurs bras tendus aux cieux,
Il en était fini des mines enragées,
Bonheur pour ces dames, fierté pour ces messieurs.

Alors victorieux, les Allemands heureux
Entrèrent dans le bus, bien qu'encore perdus,
Chacun se promettant au fond d'un cœur peureux
De reprendre son calme une fois descendu.

Je ne saurai jamais comment cela finit,
Où allaient ces Teutons, s'ils changeraient un jour
Mais je me dis que s'ils peuvent dire "Veni",
Pour prononcer "Vinci"  ceux-ci courent toujours !

jeudi 31 octobre 2013

La Nuit privée d'étoiles


Dans la nuit adultère
Et la lumière absente
Dans le plaisir enfoui aux cents coins de la Terre
Et le silence exquis clameurs assourdissantes :

Dans le bus au départ
Et les bouteilles vides
Dans les couples d'amour cachés dans les remparts
Et leurs baisers furtifs se muant en avides

Dans les rues en rivières
Où flottent ces voitures
Dans les haleurs vernis creusant les fondrières
Où la pluie voit grandir ses gouttes en batture

Dans les hôtels complets
Où rêvent les amants
Dans l'aviné qui chante un refrain sans couplet
Où l'amour d'une femme est le plus beau diamant

Dans le rêve endormi
Et le songe éveillé
Dans l'homme que l'on voit d'en haut comme fourmi
Et dont l'âme s'émeut d'un cœur ensoleillé

Dans le grand de ce ciel
Et le petit d'esprit
Dans la coupole en feu de feux artificiels
Et l'enfant qui la montre et dans ses yeux surpris

Dans les éclats de verre
On entend ceux de rire
Dans l'obscur crépuscule et ses toits sans calvaire
On voit les lumières naître puis dépérir

Dans la nuit monochrome
On ne voit d'autres toiles
Dans cet oubli soudain il manque les arômes
Puis on ressent enfin la nuit privée d'étoiles.



mardi 29 octobre 2013

De l'art catéchumène


Doria Pamphilj, retenez bien ces noms
Et videz votre esprit pour l'en remplir de ça :
Doria Pamphilj, voilà donc le chaînon
Entre le Mont Olympe et la Terre en-deçà.

Dans tout Rome il n'y a de palais aussi fin,
Sans lourdeur rococo ou vacuité antique :
Il n'est besoin ici de mille séraphins
Pour peindre quelque saint en quelque air béatique.

L'art se complaît si bien dans la noble famille
Qu'il y a invité le Beau, le Grand, la Grâce
Voyez-les tous ensemble en ces murs ils fourmillent
Y repoussant le laid par d'épiques pancraces. 

Ami, passe du temps et contemple chacun
Des tableaux du palais, uses-en les parquets,
Imagine Innocent X en ce baldaquin
Et les livrées vert sombre habillant les laquais,

Rêve-toi régisseur de cette collection
Effrayé par ce pape et son air impérieux,
En contemplant Lippi et son Annonciation
Ou Jan Brueghel peignant un Eden luxurieux.

On aurait vite fait de se voir châtelain
Servant contemplatif la famille romaine
A garder les toiles, à veiller le vélin
Car ici l'on se sent de l'art catéchumène.



lundi 28 octobre 2013

C'est là que les oiseaux font leurs nids


Sur l'île Tibérine une foule anonyme
Se réjouit des volées d'oiseaux, ces pantomimes
S'envolent en nuage au-dessus des églises.
Ils migrent annonçant l'an qui se réalise,
L'hiver qui nous accourt et la fin de l'été -
Vois, la nuit qui nous vient fait les airs hébétés.

Tombant à notre goût trop vite à notre dam,
La nuit frappe et surprend tout le monde et quidam,
Il en sera ainsi, supplice de l'hiver,
A la morte saison - vois mourir l'arbre vert
Sous le poids des oiseaux qui s'échouent sur ses branches
En nombre indénombrable et aux coudées si franches

Qu'ils traversaient le ciel en larges paraboles
Puis s'écrasaient enfin en vaste caracole.
Ces nuées d'envolées au-dessus de la ville
En remplissaient le ciel de leurs piaillements vils,
Ivres de leur envol s'écarquillant de rêve
Un temps les rois de Rome en leur hymne sans trêve.

Et la foule anonyme applaudissait sans bruit
Mille nuées d'oiseaux qui dévoraient le fruit
Des platanes des quais, avalaient tout autant
L'été qui s'en venait dans le jour s’alitant.
Foule photographe, voyais-tu en nuée
Mille oiseaux ou alors l'été diminuer ?



Sonnet solaire


A la fin de l'été la lumière en éclat
Beauté du crépuscule et de potron-minet
La toile bleue dessine au ciel des entrelacs
Perdrait-on le splendide en des cieux embruinés

Laisserait-on malgré nous la teinte d'en-haut
Se ternir de ce gris qui engloutit les hommes
Et supportera-t-on les hauteurs en chaos
Nous masquant le soleil en un triste velum

Mais sous Râ et son disque on aurait trop à faire
De penser à l'hiver et les journées de gris
D'avoir de ces idées sous un ciel aurifère

De voir dans la beauté un malheur rabougri
Alors même qu'on voit sous un ciel lucifère
La grâce relevée la laideur amaigrie


samedi 26 octobre 2013

Les Digressions guidées


Caché dans quelques vers, le poème en abri,
Alors que cette nuit me fait Nosferatu,
Recevez en poème un élégant débris :
Me lisant de travers, amie comprendras-tu

En soudaines pensées quels desseins bien curieux
Respirent aux tréfonds de mon cœur incertain - 
Y voyant une envie, un besoin impérieux,
Le poète y saisit un hasard opportun,

Ne trouvant la force dans les mots prononcés.
Y a-t-il courage et force dans ces vers ?
Pas le moins du monde je me sais engoncé
En ma couardise basse en timoré trouvère.

Noyant dans la bière les pousses de raison,
Submergeant toute idée de sentiments naissants,
Engloutissant l'envie de passer les saisons,
Repoussai-je sans fin mon cœur iridescent.

A l'aparté heureuse en songe je pensais
Par un simple au revoir, un baiser sur la joue.
Au moment des adieux, cette plaie fut pansée
Sur le coup d'un baiser, un baiser en bijou.



vendredi 25 octobre 2013

Dans un transport peu commun.


Dans les âmes jaunies au rythme de la pluie
Devançant la planète en sa révolution,
J'avais vu cette femme entrouvrant soudain l'huis
Du sourire en disant la simple locution

" 'Messo ?" me lança-t-elle, un éclat au visage.
Surpris par cet égard, cette joie peu romaine,
Dans Rome où l'impoli est un tyran sans âge,
Je me sentais revivre, une âme qu'on ramène.

Je m'écartais, ravi de répondre à son vœu
Je la voyais passer, diseuse de bonté
Mais après son passage, ô quel cynique aveu,
Je ne vis plus ici que vulgaires beautés.

Le regard triste et froid des autres, impolies,
Me rendit terne et moi qui connus ce sourire
Je trouvais sans saveur ces méchantes jolies
A la canaillerie pénible à en mourir.



jeudi 24 octobre 2013

Préconciliaire


Dans les prés palatins
Cela fait bien longtemps
Que de belles laudes, sublimes chants latins,
Ne nous réveillent plus, nous les roger-bontemps.

Trouvant au grégorien
Notre piété tacite
Cachée dans ces montées et ces airs aériens
Nous sommes pèlerins à la foi déficit.

Nous errons ça et là
Dans le bleu de ce temps
Sans paroisse, sans feu, sans un soutien prélat
Simples amoureux fous en quête et haletants

Où courez-vous, amis,
Chercher le chant céleste ?
Là où sont les orfrois, les surplis, les amicts,
Les grandes processions et l'encens qui y reste.

Nous sommes pieux païens
Et dans ces dalmatiques
Nous devenons aux cieux de nouveaux citoyens
Au mystère érudits par la paramentique :

Dans la lourde chasuble
Tracée de cent fils d'or
Nous lisons aisément les desseins insolubles
De Celui que si mal à genoux l'on adore.

J'ai l'âme chancelante
Et le cœur tout autant,
Laissez-moi ici-bas entendre lancinante
La complainte antique des hommes pénitents

Ô hymnes grégoriens
Revenez-nous souvent
Afin que de mon cœur si souvent bon-à-rien
Vous en fassiez ce cœur généreux et vivant


vendredi 18 octobre 2013

A bientôt !

Ô à toi qui me suis ou ami de passage
Sois patient et calme me voilà en route
Juste avant d'être en vol avant le décollage
Il est tôt et je suis déjà l'homme en déroute

Pressé et en retard je me dois de partir
Pour le pays germain pour voir un camarade
Priez pour moi, païens, la pitié de Tyr
Le dieu du ciel clément de l'Odin rétrograde




jeudi 17 octobre 2013

25°C


Sans vouloir te donner envie,
Paris au ciel gris asservi,
J'aimerais te dire en secret
En quelqu'apophtegme discret

Que ta jumelle transalpine
Dans les effluves d'aubépine
Dans l'exhalaison de l'été,
Alors que l'automne allaitait

Tous tes voisins ternes et blafards,
Avait ici mille fanfares
Fanfaronnant ici encore
D'avoir le feu du diable au corps

D'avoir le mercure aussi haut
- Chose commune, dit Clio.
Car sachez qu'à Rome en octobre
Se trouverait la pire opprobre

Si Jupiter y ordonnait
Que cessent de s'y adonner
Les chevaux d'Hélios si longtemps,
Un Steeplechase de beau temps.

Vraiment, Paris, je t'en conjure,
Je ne te serai pas parjure
Si tu gardes ta jalousie.
Plutôt je veux la parousie,

Le retour de l'astre solaire
Et l'accord de ta gémellaire
Pour partager en équité
Ce soleil et et t'en contenter.

Pitié, Paris, oh ! laisse-moi,
J'ai à profiter de ce mois
Et je m'en balade à mon gré
Dans Rome et ses vingt-cinq degrés.



Les protagonistes


Le rideau rouge s'ouvre et les draps tout autant
Un rêve qui s'enfuit nostalgie de l'instant
Le bain qui applaudit l'orchestre qui s'éveille
L'ouvreuse qui ôte les crasses de la veille

Puis le ballet débute avec un monologue
Qui ne prendra sa fin que dans ces vers d'églogue

Dans la lourdeur du soir à la chaleur épaisse
Rappelant à l'humain son animale espèce
Dans le matin givré qui brûlera la nuit
Dans la lourdeur brumeuse et le plat de l'ennui


Puis le ballet débute avec le bruit des rues
La rumeur d'une cour naquit et disparut

Des étendoirs à linge ainsi que des terrasses
Servent de l'air à boire à d'éclatantes braces
Sans réfléchir un temps la cafetière au feu
Un bonjour au Très-Haut à l'ombre de l'enfeu

Puis le ballet débute ainsi que cet orchestre
Empiété des lourdeurs de cette vie terrestre

L'université est une chose curieuse
De faire du savoir chose si ennuyeuse
Aussi à y rester l'homme est sot et stupide
A préférer aux arts des propos insipides

Puis le ballet débute agacé du public
Qui préfère le docte aux sombres basiliques

Ah entrent sur scène les deux protagonistes
Qui se seront choisis fidèles casuistes
Une place à aimer et une église à voir
Vivant de leur être le défaut de l'avoir

Puis le ballet débute et se finit le jour
Les protagonistes savourent ce séjour

Plaisirs dominicaux au jardin du Pincio
Nous portons l'étendard en notre carroccio
De ce jour finissant du rideau qui s'effondre
L'on craint loin des beaux jours de nous voir nous morfondre



mercredi 16 octobre 2013

Un 10, Downing Street italien



Roméo et Juliette
Sont héros italiens
Shakespeare à Vérone a laissé quelques miettes
Entre Londres et Rome a tissé quelques liens

Est-ce là la raison
De voir au Trastevere
Du serviteur anglais le pas de sa maison
Au coin d'une ruelle en ce lieu découvert ?

Si cette belle porte
Renfermera sans doute
Mille homme presque fous, cent âmes presque mortes
Dix harpies immondes, un monstre qu'on redoute

En haut de ce perron
Elle fascine autant
En rêvant la Méduse et son regard vairon
Qu'en sachant un ministre à l'orgueil éclatant

A ce 10, Downing Street
Vous trouverez ami
L'Angleterre effeuillant d'amour la marguerite
Et qui sait dans cet ocre effrayantes lamies

Je vous mets là en garde
On ne saurait jamais
Savoir où l'on se meut et ce qui nous regarde
Après cette porte gardez le bras armé



mardi 15 octobre 2013

Son trône sera devant moi comme le soleil


La ville a peu d'éclat dans les odeurs de flaques
Dans les habits collants les faces hébétées
Dans les toits ruisselants ainsi qu'un vernis laque
Dans le chœur des gouttes aux couplets répétés

Sur le plus haut des monts on se trouve déçu
De voir qu'ainsi grandies les âmes sont pareilles
Marchant timidement sous un noir pardessus
Ne se regardent pas ne tendent point l'oreille

Pour entendre au lointain pousser le chant des anges
Dans la clameur joyeuse et un ciel orangé
Je voyais en ceux-ci la plus belle louange
Et dans ce soleil blanc les diables dérangés

Je Le voyais reprendre en majesté la Terre
Des mains de quelque Mal aux allures de pluie
Mais ce n'était sans doute au lieu de ce mystère
Que le retour heureux du seul astre qui luit